L'intrigue est un peu touffue, un peu chargée pour ma pauvre tête, mais il faut dire que je regarde le tout avec sous-titres anglais, ce qui n'arrange pas les choses. Disons que je ne conseillerais pas au néophyte de commencer avec ce Samouraï. Pour bien le goûter, attendez d'avoir vu, disons, Goyokin, Rébellion, Le Sabre du Mal, Yojimbo ; et ensuite, tapez-vous Samouraï. Vous serez déjà plus à l'aise avec les codes du genre et déjà (un peu ) renseignés sur la toile de fond historique, ce qui allégera d'autant votre tâche de spectateur et vous évitera d'être largués.
Toshirô Mifune est encore une fois excellent. Il confère à son personnage une espèce d'ardeur juvénile dans l'opportunisme qui le rend très humain. Ce samouraï-voyou est un buté, c'est l'homme d'une idée : il doit absolument faire un coup d'éclat qui lui permettra ensuite de se négocier un rang avantageux auprès de l'éventuel clan des vainqueurs. L'avancement, quels que soient les moyens, voilà son univers. Cependant il ne s'agit pas seulement de fortune, mais de respectabilité. Je serai samouraï de haut rang ou rien. Il ne voit pas (ou ne veut pas voir) le tableau d'ensemble, et il ne lui vient pas à l'idée que la fin de ce shogunat à laquelle il travaille si fort avec ses copains conspirateurs va aussi être la sienne en tant que samouraï. D'où un finale très fort et une ultime image terrible qui condense de façon fulgurante tout l'absurde et tout le tragique de la situation décrite. D'ailleurs même à la toute fin, le samourai ne se rend pas pleinement compte de son propre rôle dans l'histoire, ce qui est excellent, pas souvent vu.
Bref encore un grand film, rythmé et spectaculaire, parsemé de morceaux de bravoure – le combat du début sous la pluie battante, le combat final sous une neige abondante – où l'amateur de films d'action trouvera sa pitance (quant à ceux qui veulent des sabres qui sortent à tous les cinq minutes, passez votre chemin, manants). La musique très particulière, la photographie en noir et blanc est aussi splendide que précise. Les personnages qui entourent Mifune sont tout aussi bien caractérisés et crédibles. La paranoïa des infiltrations et autres agents provocateurs renvoie à une réalité politique aussi familière hors du Japon que dedans (et encore plus familière au XXème siècle qu'au XIXème). L'effet produit par le rapport entre histoire et Histoire est toujours aussi cool et culmine dans de tranchants affrontements. Excellente bande-son, en passant : on entend de beaux shlak ! bien sonores.
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