Jean-Pierre Limosin connaît bien Takeshi Kitano puisque celui-ci accepta de jouer un petit rôle dans son film Tokyo Eyes. Lui qui utilise habituellement deux noms différents selon qu'il est réalisateur (Takeshi Kitano) ou comédien (Beat Takeshi) signa celui-ci et celui-ci seulement sous le nom de Takeshi Kitano.

C'est un portrait à la fois touchant et drôle que nous propose le cinéaste français. Il ne se soucie guère du décorum visuel et fait une très grande partie de son documentaire à travers une longue interview. Toutefois de temps à autre, il casse cette installation pour faire quelques effets, quelques trucs visuels (on retiendra le moment où Kitano commente un extrait vu en projection, dont un seul plan – le pire de la scène – est montré "plein écran"). Limosin ne fait pas là du Kitano, mais bel et bien du Limosin, montrant finalement que les deux réalisateurs ont plus d'une chose en commun.

Au résultat l'interview est passionnante. Elle est à la fois personnelle quand Kitano parle de sa mère, de son accident de moto ou bien encore de son rapport aux femmes : incapable de marcher avec l'une d'elle dans la rue, ou bien encore de manger avec elle, incapable de filmer du coup un repas ou une scène d'amour. Personnelle certes, mais surtout accès sur le cinéma, sa manière de travailler avec les comédiens, de découper, de gérer la violence.

Bref, une belle leçon de cinéma.