Le film a obtenu l'Oscar du meilleur documentaire et si cette récompense peut permettre sans doute d'apporter un vrai public au film, elle risque aussi de lui préjudice au film en lui conférant une attente trop grande.

Un Coupable idéal est sans doute un film réussi, un bon film aussi dans sa capacité à accrocher l'attention et à montrer le (dys)fonctionnement de la justice américaine sans être jamais ni ennuyeux ni trop pédagogique.

Par contre, on peut émettre des réserves sur deux partis-pris de mise en scène. Le premier est la dramatisation du film. Jean-Xavier de Lestrade utilise sans hésitation les effets et techniques du film de fiction hollywoodien : musique un peu larmoyante, scènes à émotions (la famille qui prie, le faux-coupable seul dans sa prison…). Le paradoxe qui en ressort est non pas un surcroît d'émotion, mais une impression d'irréalité du film, une impression d'assister à un film de fiction dirigé, par exemple, par Sidney Lumet. On perd un peu de l'impact de la réalité…

Le second parti-pris est de raconter le film uniquement du point de vue de la défense (les avocats). Tout est vu, du coup, avec la certitude qu'on a affaire à une injustice, que le Coupable Idéal est innocent. Même si cela est vraiment le cas, le film paraît un peu trop manichéen. La critique qui s'en dégage paraît un peu simpliste, ou du moins manichéenne, avec d'un côté les méchants flics qui ont baclé leur travail et de l'autre le gentil faux-coupable et les gentils avocats, véritables garants de la Justice. A aucun moment, le film ne permet d'entrer dans une réflexion générale sur la justice ou sur le monde qui y est décrit.

Sur un thème similaire, on préfèrera le travail effectué par Mosco Boucault dans Un crime à… Philadelphie.