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L'aiguille creuse


De Impétueux, le 16 mai 2017 à 18:33
Note du film : 2/6

Pour faire du bon et même du grand cinéma, il n'est pas nécessaire que l'intrigue soit nourrie d'aventures caracolantes, d'événements bouleversants, de caractères tranchés, de scènes dramatiques. C'est un peu comme pour un roman, d'ailleurs et il faut avoir l'aveuglement d'André Gide pour refuser le premier tome de La Recherche (Du côté de chez Swann) que Marcel Proust voulait faire paraître à la Nrf en donnant comme prétexte qu'il ne pouvait pas comprendre comment un monsieur était capable de consacrer tant de pages à expliquer comment il s'endort.

Il n'est pas nécessaire de donner à voir sur l'écran un récit très haletant, ni même très structuré, mais tout de même, et à l'inverse, le cinéma, ce n'est pas seulement des images, aussi belles et aussi bien composées qu'elles soient.

C'est entendu et il ne fait aucune difficulté à le dire, Peter Greenaway est avant tout un plasticien, absolument fasciné par les interactions entre tous les arts mais avant tout par la peinture. Et partir d'un des plus célèbres tableau du monde, le joyau du Rijksmuseum, pour montrer dans La ronde de nuit, les angoisses et les difficultés de Rembrandt, les jalousies, les haines, les secrets, les hypocrisies, les mesquineries, les coucheries de ses commanditaires, les membres de la Compagnie des mousquetaires d'Amsterdam est plutôt une belle idée. D'autant que, pour ceux qui veulent aller un peu loin dans l'étude d'une œuvre majeure de la peinture de tous les temps, Greenaway livre quelques indications intéressantes, explique quelques orientations et interprétations du tableau.

Donnons lui crédit, évidemment, de la grande beauté de la lumière et de la composition. La ronde de nuit est filmée le plus souvent très frontalement, comme une scène de théâtre, mais animée par l'usage de très longs travellings (déjà admirablement utilisés dans le chef-d’œuvre de Greenaway, c'est-à-dire Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant) ; il y a à tout moment une idée, un travail subtil et magnifique sur l'occupation de l'espace, où rien n'est négligé et où, si l'on porte son regard sur un des coins de l'arrière-plan, on se rend bien compte que l’œil précis du cinéaste n'a rien négligé.

Seulement voilà qu'on se lasse à la longue de ce festival et de ce parti-pris esthétique. On se dit qu'on est en train d'admirer une suite de scènes, mais que ces scènes sont à peine reliées entre elles par un fil conducteur obstiné – la composition et l'élaboration du tableau – mais qui n'avance guère et qui sont, en fin de compte terriblement répétitives. Et à partir de ce moment là, on commence à trouver le film terriblement lent et, ce qui est pire, languissant. Et ce n'est pas grâce à de fréquents propos obscènes et à quelques scènes déshabillées qu'on réveille le spectateur qui trouve que 134 minutes pour si peu, c'est vraiment beaucoup trop.


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