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La dérive


De Impétueux, le 6 septembre 2007 à 19:36
Note du film : 4/6

Ce n'est évidemment pas là le cinéma que je connais (un peu) et qui m'enchante, mais je dois reconnaître que ce Bully présente de réelles qualités de réalisation, tant dans la mise en images que dans la rythmique propre au sujet, comme l'a excellemment analysé Dumbledore… On ne s'ennuie pas une seconde, même si, au début, on est assez écœuré par l'accumulation de veuleries de tous les personnages et par l'insignifiance falotte de leurs parents. Et comme on apprend, dans le supplément, qu'il s'agit d'une histoire fondée sur des faits vrais, on frémit de la déliquescence de ces rejetons de la middle-class qui n'ont pas l'excuse d'être lumpen-prolétarisés…

Car – et là je me sépare de Dumbledore qui écrit que Larry Clark utilise judicieusement cette règle de narration qui veut que plus on est attaché aux personnages, plus leurs erreurs deviennent tragiques et touchantes, et il réussit à élaborer le portrait d'une jeunesse à la dérive…, il ne me semble précisément pas que quiconque puisse s'attacher à ce ramassis de tarés qui baisent et se droguent sans y prendre – au moins apparemment – plaisir, mais tout simplement parce que c'est ce qui les abimera le plus qui les attire…

Sans trop (pour une fois) vouloir jouer au vieux con, je ne peux pas dire que j'ai ressenti la moindre tristesse en apprenant les verdicts sévères qui les frappent ; ces sauvageons me semblent si dépourvus de structure mentale (pour ne pas écrire morale) que les autorités étasuniennes (pour qui je n'ai pas de dilection particulière) paraissent avoir sagement agi en les mettant à l'ombre pour tout, ou grande partie de ce qui leur reste à vivre…


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De bastien, le 30 juin 2004 à 16:59
Note du film : 6/6

Après avoir pris un mauvais départ avec Larry Clark via son "Another day in Paradise", j'ai beaucoup mieux marché avec ce film ci, chronique virtuose et impressionnante d'un meurtre effroyable (la scène de l'assassinat dans ce film est sans doute l'une des plus dérengeantes que nous ai montré le cinéma). Face à un sujet pareil, le réalisateur choisit d'être au plus près de ses personnages, de les coller à la peau et dans la sueur, que ce soit dans la violence ou le sexe, mais sans optique naturaliste, avec une photo très léchée… L'ancien photographe met constamment en valeur ces corps d'adolescents floridiens (parfois limite de manière complaisante). "Bully" vibre constemment de l'intérieur, c'est une oeuvre aux tons chauds mais plus proche du bouillonnement.

Ni apologie ni condamnation, le film de Clark suit son petit tyran et ses futurs bourreaux avec l'optique de laisser parler les faits d'eux mêmes, via les comportements individuels et de groupes qu'il observe avec détachement idéologique, sans jamais vouloir se servir de ce fait divers comme d'un instrument de démonstration. Au contraire, Clark, via ses amitiés sado-masochistes et lady macbeth en short moulants, retranscrit ici avec force tout ce qui tient de l'irrationnalité des actes, son caractère monstrueux et absurde. Un constat de perte de pied avec la réalité, envahit par la peur. "Bully" est l'exemple parfait du grand film social comme on en voit peut. Lequel est en prime porté par deux des jeunes comédiens les plus talentueux et prometteurs de leur génération, Brad Renfro et Nick Stahl.


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