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Critique


De dumbledore, le 9 janvier 2006 à 00:29
Note du film : 5/6

En 1998, un film inspiré de Shakespeare, traitant du théâtre élisabéthain, et lui même traité dans le mode romantique (mais également puritain) faisait un carton en salle. Il s'agissait de shakespeare in love. Le récit montrait comme une jeune femme folle de théâtre se déguisait en homme pour pouvoir jouer… un rôle de femme (rappelons que le théâtre Elisabéthain interdisait aux femmes de monter sur les planches). Le film finissait en un grand moment théâtral : malgré les interdits, l'héroïne paraissait sous ses traits de femmes et triomphait dans un final poignant de Roméo et Juliette.

6 ans plus tard, Stage Beauty ose la gageur de reprendre la même trâme : on retrouve une même jeune femme rêvant de faire du théâtre (cette fois par contre, elle est une simple servante et non pas une aristocrate), le même recours au travestissement pour y arriver et on a le même final sur scène (devant l'autorité suprême : cette fois le roi et non plus la reine), avec la même apothéose correspond au clou du spectacle (la mort de l'héroïne) d'une pièce de Shakespeare. Cette fois, ce n'est pas Juliette mais Desdemone de « Othello ».

La gageur est grande et le résultat est bluffant.

Le film réussit parfaitement à tenir la route toute en étant fort différent de Shakespeare in love. Le ton est d'abord très différent. On n'est pas (seulement) dans la comédie dramatique mais dans un registre très ténu qui flotte entre la comédie et le drame. La structure du récit est celle d'un drame, mais le jeu des comédiens (tous excellent) vont dans un sens plutôt comique (sans pour autant devenir ridicule et inadéquat). Le sujet est également différent. Ici ce n'est pas les aléas de l'écriture qui est le sujet mais le métier d'acteur. Les enjeux surtout sont bien différents. Le thème de fond abordé est celui du corps, de la sexualité et du trouble de l'identité sexuel.

Le personnage principal n'est pas le personnage féminin (dans son trajet féministe) mais le personnage masculin de Kynaston, qui fut élevé depuis son plus jeune âge pour jouer les femmes, portant des robes dès sa prime enfance, formé, éduqué pour penser, agir, ressentir comme une femme. Ce que nous suivons finalement durant le film c'est son drame quand les acteurs hommes se retrouvent interdits de jouer des femmes.

Tout en restant grand public, le film se permet de laisser accès loin dans le thème pourtant tabou de la sexualité à Hollywood. Plusieurs scènes ont à cet égard assez étonnantes, notamment celles de la déchéance de Kynaston.

Stage Beauty n'est pas Shakespeare in Love sans doute aussi parce que Lionsgate n'est pas Disney !


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