J'ai eu l'occasion de visionner récemment cet Enlèvement des Sabines, que j'ai trouvé sans prétention mais sympathique. Roger Moore y incarne Romulus, (précédemment interprété par Steve Reeves dans Romulus et Remus), fils du dieu Mars et chef de la tribu des Romains, particulièrement mal vue par les royaumes voisins.

En effet, les Romains, membres d'une tribu uniquement masculine, passent leur temps en assassinats, vols, rapines et exactions diverses. On est loin des utopies de Platon, qui décrivait les bataillons sacrés des cités grecques, uniquement constitués de couples d'hommes, comme des modèles de courage et de vertu !

Cette Rome archaïque peuplée uniquement d'hommes aurait pu inspirer un scénario graveleux… Mais c'est à un vaudeville que nous sommes conviés. Ces soudards-là sont mal lavés, mal élevés, et Romulus décide de leur trouver des femmes pour en faire des gens civilisés et donner à cette bourgade boueuse de Rome la possibilité de faire son chemin dans l'Histoire…

Hélas, les chefs des royaumes voisins n'ont nullement l'intention d'offrir leurs filles en mariage aux Romains, et préfèrent espérer que leur race s'éteindra toute seule. Les femmes, il faudra donc se les procurer par la force, notamment auprès des voisins Sabins.

Et voici Romulus / Roger Moore préoccupé de questionnements existentiels : faut-il faire l'amour ou la guerre ? Lui-même doit-il continuer à cacher sa maîtresse – une farouche femme pirate phénicienne – dans une grotte pour que ses compatriotes ne la voient pas ? Il faut dire que la phénicienne en question, c'est Scilla Gabel, la malchanceuse favorite de la perverse reine Bera (Anouk Aimée) de Sodome et Gomorrhe…

Ne devrait-il pas plutôt choisir comme épouse la blonde vestale Mylène Demongeot, fille du roi des Sabins ? Elle a le caractère coriace et n'a nullement l'intention de se faire enlever comme un sac de pommes de terre, même par un pseudo fils de dieu !

La scène la plus belle, dans mon souvenir, montre Romulus en proie à ses doutes, dormant dans le temple de Rome, dans l'espoir de recevoir des dieux quelque songe éclairant.

Voici que la statue du dieu Mars en personne (alias Jean Marais !) descend de son piédestal et s'approche du jeune homme : « C'est donc toi, Romulus, toi qui prétends être mon fils… et peut-être l'es-tu après tout… » Voici donc Mars chuchotant aux oreilles de son « peut-être fils » des conseils guerriers.

Pour ne pas demeurer en reste, la déesse Vénus descend à son tour de son piédestal et susurre à l'autre oreille de Romulus des paroles d'amour et de paix, en profitant pour rappeler l'époque où Mars lui-même lui faisait la cour et lui mangeait dans la main… et Vénus, c'est Rosanna Schiaffino ! Que du beau monde….

Ainsi que le mal-aimé Folco Lulli !