Philippe de Broca place et situe exactement son préambule, superbe de rythme et de gaieté. Pour que le château-hôtel reçoive un peu de clients, la démone Amélie/Keller poussée par grand-mère et mère va inciter son amoureux Charly, garagiste indélicat, à mettre en panne les voitures de ceux qui ont le malheur de s'arrêter à sa station-service. Puis à les conduire au château où ils seront pratiquement rackettés par la marquise. Tout cela est drôle, virevoltant, gentiment immoral, très amusant.
Le film se gâte un peu quand y intervient sa vedette (ce qui est plutôt embêtant, n'est-ce-pas ?), c'est-à-dire César (Yves Montand) , brillante canaille, gangster délicieux qui séduit d'emblée toutes les femmes de la famille. On peut dire, d'abord, qu'il cabotine au-delà de ce qu'il a jamais cabotiné, ce qui n'est pas rien. Mais davantage, il impose une histoire finalement assez banale : il a cambriolé une banque avec deux complices (vraiment minables : Pierre Tornade et Jacques Balutin, dont les apparitions font baisser la température du film de plusieurs degrés) et il cherche à échapper aux recherches.On a compris : toutes les femmes qui sont présentes au château, celles de la famille et aussi les visiteuses (Tanya Lopert, Janine Berdin), rameutées par le garagiste, c'est-à-dire envoyées là par ses sabotages habiles, sont fascinées par ce grand escogriffe séduisant et séducteur qui les conquiert, les charme, les émerveille, les fascine et avec qui elles sont à deux doigts de succomber.
On aura aussi compris que César ne cherche d'abord qu'une chose : c'est de quitter la belle thébaïde avec le million de francs qu'il a cambriolé ; on comprendra vite qu'il subira, comme d'autres, le charme languide, délicieux du château.Le film est gai, drôle, libertin ; l'érotisme y est omniprésent : non seulement la baronne Amélie/Keller est un vivant attentat à la pudeur, mais sa mère Diane/Schell, voire sa grand-mère/Renaud et sa cousine Jeanne/Joano sont délicieusement séduisantes : nous sommes dans une sorte de fête intelligente, élégante, virevoltante. Qui n'aimerait aller passer son existence dans ce château ?
D'ailleurs, à la fin, tout le monde, au mépris de l’honnêteté élémentaire, va désormais y vivre heureux… Ce qui est, au demeurant, une morale excellente.
Un temps révolu peut-être à jamais ou l’on pouvait encore se dénuder moralement et physiquement dans la joie et la bonne humeur loin de tous préjugés quels qu’ils soient.
De jolies femmes de tout âge pleines de vie entreprenantes, aguichants sans jamais provoquer, libre d’exprimer leur légèreté et leur décalage dans un contexte farfelu.
Un dynamisme constant que l’on partage bien souvent dans un état second sur un site protégé, loin de la foule déchainée.
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