Malédiction ! Ballin Mundson, qui s'est absenté en confiant la direction du tripot clandestin – mais largement toléré par les autorités – qu'il dirige à Buenos-Aires, revient quelques jours plus tard nanti d'une superbe créature qu'il vient d'épouser, Gilda (Rita Hayworth), qu'il a trouvée dans on ne sait quel cabaret alors que, sans doute, il partait diriger les affaires louches qu'il mène dans le trafic du tungstène.
Là, une pause dans mon propos : Rita Hayworth ; surnommée La déesse de l'amour, elle aurait pu tout autant l'être Le plus bel animal du monde, sobriquet réservé à une autre sublime actrice, Ava Gardner (au fait imagine-t-on la haine et la rage que les ligues féministes déploieraient dans nos tristes temps si l'on qualifiait ainsi une jolie fille ? Remarquez, ça ne risque pas d'arriver à Adèle Haenel !). Gilda a été tourné par Charles Vidor autour du seul mythe et du seul personnage de l'actrice : tous les autres acteurs, y compris le bien falot Glenn Ford n'existent que par elle et pour elle. Et malgré l'inutile complication du scénario, qui finit par se perdre dans des ramifications vraiment très inutiles, dès que Gilda survient à l'écran, le spectateur est fasciné, statufié, sidéré.Et cela même pas seulement lors des morceaux de bravoure tant célébrés où la danseuse que fut la petite Margarita Cansino, dressée durement par sa famille, exprime un talent fou, si intense que les grands Fred Astaire et Gene Kelly l'ont reconnu, disant leur immense plaisir de la retrouver dans leurs bras ; même pas. Dans toutes les scènes où elle apparaît, qui sont donc foison, elle impressionne par cette sensualité à fleur de peau, par cette capacité de séduire et de fasciner des hommes à elle voués jusqu'à lui céder tout…
Scénario bizarre et mal fichu, invraisemblances, dialogues sans intérêt, musiques appropriées, agacements répétitifs entre les deux principaux protagonistes qui se provoquent, s'agacent, se fascinent, s'exaspèrent, se détestent et finissent par conclure leur périple par la perspective d'une histoire d'amours éternelles. On voit bien que c'est très mal fichu ; on voit bien aussi que c'est un film qui fait partie des mythes du cinéma.Au fait, on regrette évidemment que ça se termine si bien ; mais on était en 1946 ; au fait aussi, le film a eu tant de succès que le nom de Gilda a été peint sur une des bombes atomiques d'expérimentation larguées sur l'atoll de Bikini à partir de 1946. Là aussi, on n'est pas sûr qu'Adèle Haenel aurait apprécié, pauvre petite chose…
Très beaux et intelligents avis, que je découvre et lis avec beaucoup de plaisir ! Et c'est à pas de loup que je viens déposer une réflexion qui ne fera pas avancer le shmilblik mais site démocratique oblige :
Aujourd'hui comme il y a 60 ans, recul ou pas, une belle fille reste une belle fille…
Le "mythique" n'appartient à personne… et à chacun !
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