Portrait de la jeunesse japonaise, étude psychologique -d'un groupe et de plusieurs de ses membres-, réflexion sur les valeurs japonaises, Le sabre réalisé par Kenji Misumi en 1964 est un peu tout cela, et peut-être même un peu plus car les thèmes abordés semblent finalement assez proches de ceux traités par le cinéma européen. Cette oeuvre possède les attributs de la "modernité" et évoque les plus belles réussites de la nouvelle vague européenne. On pense à Bergman par moments (au bord de la mer), à des films italiens du début des années 1960. La séquence des jeunes gens allongés et transpirants évoque celle des danseuses dans le même état de Chien enragé, réalisé par Akira Kurosawa en 1949.

La mise en scène de Misumi, quasi-invisible, est tout simplement admirable. J'ai pris le temps d'admirer le choix des plans -très variés- utilisés pour encadrer le petit groupe de sabreurs de Kendo. Si la mise en scène, le scénario et les dialogues sont de grande qualité, et explorent à la perfection chacun des nombreux thèmes traités, avec une profondeur redoutable, et un sens exercé de l'analyse et de la synthèse, on ne peut que louer également la qualité de la composante sonore (bruit de la mer et du caboteur,…), de la photographie et de l'interprétation (une fois que l'on arrive à identifier chaque protagoniste de cette histoire, car les personnages se ressemblent tous énormément physiquement).

Cette belle oeuvre japonaise passe très bien l'épreuve du temps. Elle est susceptible, de par sa qualité formelle et son propos universel, d'intéresser un large public. Une superbe édition dvd nous est proposée par l'éditeur Wild Side.