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Les sommets du cinéma


De Impétueux, le 11 février 2017 à 14:20
Note du film : 4/6

Pour qui tient, comme c'est mon cas, Stanley Kubrick comme le plus grand réalisateur du cinéma de tous les temps, très au delà de tous les autres par l'extraordinaire homogénéité de sa production, par la constance stupéfiante de son génie de la mise en scène, Une vie en images est une récapitulation un peu scolaire, mais utile de l’œuvre.

Œuvre courte, non parce qu'il la voulait telle, mais parce qu'il était lent et le déplorait, attachant à tout un soin si obstiné qu'il devenait proche de la maniaquerie, voulant tout voir, tout contrôler, tout surveiller, vivant le cinéma chaque heure de sa vie. Treize films en 46 ans, treize en incluant Fear and desire que Kubrick ne souhaitait pas inclure dans sa filmographie et qui a été néanmoins édité et dont on pourrait presque retirer la moitié de Spartacus, dont il n'a pas été entièrement responsable.

Surtout des intervalles de plus en plus longs entre deux réalisations : trois ans entre 2001 et Orange mécanique, puis quatre pour Barry Lyndon, cinq pour Shining, sept pour Full metal jacket, douze pour Eyes wide shut.

Aurait-il tourné, au 21ème siècle, un de ses projets inaboutis, le grand Napoléon qu'il méditait depuis des décennies (et, le connaissant, on sait qu'il n'aurait pas introduit dans le récit la moindre approximation), ou Aryan papers, s'il n'était pas mort d'une crise cardiaque le 7 mars 1999 ? Va savoir ! Je ne trouve pas absolument sans signification le fait que le cinéaste ait disparu à l'extrême fin du siècle du cinéma, avant qu'on puisse se demander, comme on le fait aujourd'hui, si le 7ème Art a encore de l'avenir, au moment où le goût des effets spéciaux et des interminables séries envahit peu à peu l'imaginaire des spectateurs.

Une vie en images est un cheminement purement chronologique qui fait alterner images des films ou images des tournages et brèves interventions, quelquefois anecdotiques. Certaines viennent de la femme du réalisateur ou de ses collaborateurs les plus proches ou les plus fidèles : Jan Harlan, producteur exécutif, Leon Vitali, assistant personnel (après avoir été le jeune Lord Bullingdon de Barry Lyndon), György Ligeti ou Wendy Carlos, les musiciens, Ken Adam ou Douglas Trumbull, les décorateurs (l'un de Dr. Folamour et de Barry Lyndon, l'autre de 2001). D'autres des acteurs : Peter Ustinov (Spartacus), Keir Dullea (2001), Malcolm McDowell (Orange mécanique), Jack Nicholson et Shelley Duvall (Shining), Matthew Modine (Full metal jacket), Nicole Kidman et Tom Cruise (Eyes wide shut) ; on regrette toutefois de ne pas pouvoir entendre Peter Sellers, bien trop tôt disparu (en 1980) pour Lolita et Dr. Folamour

Mais le meilleur des propos est tenu par d'autres cinéastes qui tous, disent l'admiration éperdue qu'ils avaient pour Kubrick : aussi bien Steven Spielberg que Woody Allen, Alan Parker que Sydney Pollack, tous reconnaissent sa maîtrise absolue.

Et nul ne méconnaît ni son égotisme, ni la lucidité pessimiste de sa pensée profonde : je ne sais plus où j'ai trouvé cette citation du cinéaste : L’âge de l’alibi, dans lequel nous nous trouvons, a commencé avec le postulat de Rousseau dans L’Émile : la nature m’a fait heureux et bon, si je suis autrement, c’est la faute à la Société. Ce postulat repose sur deux idées fausses : que l’Homme dans son état naturel était heureux et bon, et que l’Homme primitif n’avait pas de société. Les meilleurs philosophes réactionnaires ne disent pas mieux.

Encore une raison d'aimer Kubrick.


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Passionnante exposition à la Cinémathèque


De vincentp, le 12 mai 2011 à 19:56

Après avoir vu Journal intime cher à Arca1943, j'ai visité l'expo Kubrick actuellement en cours à la Cinémathèque française. Bien faite, une bonne vulgarisation, mais je n'ai pas appris grand-chose. Une petite récréation en images ! L'essentiel sur Kubrick a déjà été dit (livres, bonus des dvd).

Je serais plus intéressé par des explications techniques et pointues concernant son art du montage, ou de la mise en scène (éclairage, cadrages), mais ce n'est pas spécifiquement l'objet de cette expo, qui ne fait qu'effleurer le sujet.


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De Impétueux, le 6 mai 2011 à 10:03
Note du film : 4/6

Comme il ne me semble pas que cette superbe exposition, qui, depuis 2004 tourne dans le monde entier (Francfort, Melbourne, Munich, Gand, Rome) ait fait l'objet d'une annonce en page d'accueil de DVDToile, j'ai essayé de trouver un support pour l'annoncer, au cas où certains de nos amis n'en auraient pas connaissance.

Stanley Kubrick: A Life in Pictures, ce film-document réalisé par Jan Harlan, beau-frère de Kubrick m'a semblé ce qui convenait le mieux.

Donc, exceptionnelle exposition, qui va demeurer à la Cinémathèque jusqu'au 31 juillet 2011 avant de partir émerveiller ailleurs (Los Angeles, je crois), exposition qu'on peut aller voir quel que soit le degré de connaissance qu'on a de cet immense cinéaste : composition simple d'abord, chronologique, puisqu'on entame la visite par Fear and Desire, le film initial, mais rejeté, qu'on ne verra hélas jamais et qu'on l'achève par Eyes wide shut. Ce que je dis, en fait, n'est pas tout à fait vrai, puisqu'intelligemment une partie un peu annexe des lieux est consacrée à Kubrick photographe (où l'on voit combien le travail sur des images statiques a pu influer, ultérieurement sur des plans marquants) et aux projets avortés, Napoléon, Aryan papers ou à A.I. Intelligence artificielle tourné par Spielberg.

Claire pédagogie dans la brève présentation de chacun des films, resitués dans le contexte de l'époque de leur tournage ; nombreux objets emblématiques, maquette de la salle stratégique de Dr. Folamour, combinaison spatiale et oripeaux d'hominiens de 2001, robes des jumelles assassinées et hache de Shining, habit de cour de Barry Lyndon, casque de Full metal jacket, masques de l'orgie de Eyes wide shut… des explications techniques claires, pour le néophyte sur les objectifs, les caméras, les procédés de tournage. La rigueur, la méticulosité, la précision, la capacité de travail du réalisateur sont également exposés de façon très intelligente (plan de travail des Sentiers de la gloire, par exemple…).

Si j'ai trouvé que les deux derniers opus, Full metal jacket et Eyes wide shut, logés à un autre étage que le plus gros de l'exposition, étaient un peu sommairement traités, je me suis beaucoup amusé de lire, ici et là, les extraits de critiques distingués qui, sur les premiers films, n'ont évidemment pas compris qu'ils se trouvaient en face d'un créateur génial ! Ainsi l'article de la réputée Yvonne Baby dans Le Monde assassine Les Sentiers de la gloire sur des détails formels, recensant avec une certaine pertinence, des anomalies ou des invraisemblances (l'Armée française vue par un Étasunien), sans s'apercevoir de la force et de l'originalité du film. Ainsi le mirobolant Henri Chapier mitraille Lolita sous prétexte que l'adaptation n'est pas fidèle au roman de Nabokov, alors que celui-ci avait travaillé avec Kubrick et s'était dit fort satisfait ! Il est vrai que Chapier mangera ensuite son chapeau et s'émerveillera d'Orange mécanique.

Toujours est-il que la critique est globalement, hors exception, passée à côté de Kubrick ; mais il est vrai – je ne sais plus où j'ai lu ça, peut-être dans l'indispensable bouquin de Michel Ciment – que tout le monde, lors d'un nouveau film, à partir du moment où le cinéaste est devenu mondialement célèbre (2001) a toujours été décontenancé lors de sa première vision d'une nouvelle œuvre, avant d'y revenir avec passion…


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