Dans la mouvance de certaines oeuvres de Altman, de Magnolia, de Crash, de ces films où les destins ne font que se croiser, parfois de façon anodine, parfois tragique, Lantana est un film quasi parfait, d'une intelligence aiguë, qui déroule ses thèmes en douceur. Chacun des personnages voit ses problèmes en miroir dans ceux des autres, jusqu'à confondre imagination et réalité (Hershey et son patient gay), et si LaPaglia joue un flic comme dans sa série Without a trace, Lantana ne se laisse jamais entraîner dans une narration polar, et reste toujours à hauteur d'homme. Les comédiennes australiennes sont extraordinaires, belles sans glamour, mûrissantes mais sensuelles, fortes et fragiles, de vrais personnages en trois dimensions, sans le moindre cliché, comme on n'en voit que rarement dans le cinéma U.S. Le fait que Lantana se passe en Australie, aide au dépaysement, et le réalisateur a su ne jamais montrer la ville, ou les décors dans leur ensemble, pour mieux se concentrer sur les drames humains. C'est le genre de film qu'il ne faut pas trop raconter, pour ne pas le déflorer, mais c'est à voir absolument.

C'est le plus beau film de l'an dernier, le plus inattendu, original, surprenant et le mieux joué. Les actrices australiennes sont extraordinaires et le scénario, d'une rare intelligence, capte totalement l'attention. A découvrir sans faute et à revoir.

« Parlez moi d'amour, redites moi des choses tendres… » On pense à Short Cuts de Robert Altman ou à Magnolia de Paul Thomas Anderson. Chronique sur la maturité de l'amour, Lantana entre dans la catégorie des très beaux films. Sans fioriture ni esbroufe, on suit le quotidien des personnages sans se presser, entrant avec douceur dans leur intimité souvent douloureuse et jamais gratuite. Les acteurs sont tous excellents, entièrement au service de leur rôle, dirigés avec élégance par le réalisateur Ray Lawrence, transfuge de la télévision. On pourra reconnaître le caméléon Geoffrey Rush, la nerveuse Barbara Hershey qui vieillit très bien, et Anthony LaPaglia qui traverse le film avec une sobriété remarquable. L'australienne Kerry Armstrong prête sa beauté adulte à Sonja, la femme de Zat. Actrice inconnue chez nous, elle mérite d'être remarquée. Lantana a reçu de nombreux prix dont ceux des Australian Film Institute Prizes, les Césars australiens, qui lui ont décernés pas moins de 7 récompenses, meilleurs film, acteur et actrice ! Enfin, ne vous fiez pas au ton mystérieux de la jaquette du DVD qui dit « on a tous quelque chose à cacher… ». Lantana ne se limite pas à cette médiocre accroche marketing. L'intrigue policière est tout à fait secondaire. Lantana, c'est avant tout une formidable étude sur le vieillissement de l'amour au coeur de différents couples.