"The Player" est un film très particulier, même dans l'oeuvre d'Altman, puisqu'il met en avant un personnage totalement répugnant joué par Tim Robbins, qu'on est par la force des choses, obligé de considérer comme le "héros" du film. Perversion totale de la part d'Altman, qui nous montre cet odieux individu médisant, usant et abusant de son pouvoir, meurtrier qui plus est, en situation de susciter notre compassion. Par la construction même du scénario, on ne veut pas le voir échouer, ni se faire coincer. Et la conclusion est d'un cynisme et d'une amertume terribles. Une fois encore, ce sont les compromis et la corruption qui gagnent haut la main ! Contrairement à d'autres films caustiques sur Hollywood ("Les Ensorcelés", "Le Démon des femmes" ou "The Oscar"), Altman ne décrit pas des êtres bigger than life, mais des parasites du système en place, des monstres au petit pied, qui écrasent et détruisent les vrais créateurs (l'auteur D'Onofrio, tué dans une ruelle sombre) sans être punis. L'assassin finit même le film dans les bras de la fiancée de sa victime ! Le constat est si amer qu'il en devient presque aigre et c'est là la limite de "The Player". A montrer ce qu'il connaît sans forcer le trait, sans réel recul, Altman laisse une sensation nauséeuse, pas très agréable. "The Player" est un bon film, intelligent et admirablement filmé, mais qui a envie de passer deux heures avec des individus pareils ? Le fait même de ressentir cela, prouve que le réalisateur a réussi son coup.