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Critique


De dumbledore, le 8 septembre 2004 à 01:10
Note du film : 5/6

On ne le dira peut-être pas assez, mais en matière de comédie, George Stevens a été un maître. Pendant une moitié de sa carrière en tout cas. En effet, il est amusant de voir que jusqu'en 1942, il signe essentiellement des comédies, qu'en 42, il part à la guerre, suivant notamment les débarquements alliés avec sa caméra (il est l'un de ceux qui ramenèrent des images couleurs des avancées alliées en France). Ensuite, il ne fait presque que des drames, avec des personnages violents, presque traumatisés, comme il le fut lui-même par cette expérience.

Quand il tourne Mariage Incognito, on est encore en 1938, et encore dans cette sorte d'insouciance nécessaire aux comédies légères de ces années 30. Tout y est comme on l'aime : des personnages charmants et touchants, James Stewart en tête qui tente sans cesse de paraître sérieux et se trouve être d'autant plus drôle, et Ginger Rogers ensuite qui renonce à la chansonnette et au pas-de-deux pour nous offrir quelques passages inoubliables de pure comédie, allant à un crépage de chignon drôlatique, à des grimaces surprenantes. Le couple du sérieux et de la délurée fonctionne évidemment à merveil. On est là dans l'écriture efficace et connue et dans la mise en scène parfaitement calibrée pour ce genre d'humour.

Autour de ce duo, plusieurs personnages-orbites de qualité. Tout d'abord le personnage de Keith, le cousin bon vivant, aide de camp dans cette guerre pour imposer la jeune femme dans la famille un peu trop coincée du mari. James Ellison trouve le ton juste, la hauteur nécessaire et le recul idéal, si bien que chaque apparition suscite le sourire, si ce n'est le rire. Ensuite les parents qui constitue en eux-même un autre couple, fonctionnant à l'inverse du couple des jeunes. Géniale idée que celle de la femme qui se plaint d'être cardiaque pour éviter qu'il y ait des engueulades autour d'elle !!

Le scénario est impeccable, d'une belle précision, développant une idée sacrément efficace : le couple marié en cachette revient dans la petit ville et le jeune homme essaye d'avouer son acte à sa famille sans trouver le moment ou le courage. Du coup, il ne peut retrouver sa jeune femme, et ne peut consommer le mariage. Derrière le comique de situation, il faut imaginer que cette incapacité à dire est évidemment symboliquement à rapprocher d'une incapacité à "faire", affronter sa famille, imposer enfin et pour la première fois sa décision, sa volonté, envers et contre sa famille est l'épreuve du passage entre l'enfance et l'adulte. Une fois cet acte accompli, le personnage pourra enfin coucher avec sa femme…

Ce principe a été copié quelque dix ans plus tard par Howard Hawks dans Allez coucher ailleurs, jouant sur un registre supplémentaire : la confusion des sexes, prenant un comédien lui réputé bi-sexuel et poussant la farce jusqu'à ce que le personnage se travestisse. Militaire se mariant en cachette avec une officier d'une autre armée, le couple se cache et cherche un endroit pour passer la nuit. Même principes : leurs mensonges leur ferment toutes les portes…

Howard Hawks s'inspirant de George Stevens? La preuve du talent de ce dernier, non?


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