Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Avis


De Gaulhenrix, le 4 juin 2007 à 11:23
Note du film : 4/6

PM Jarriq a récemment évoqué ce film et me l'a remis en mémoire. Il n'est pas sans mérite…

Le film s'ouvre sur un plan qui montre une vaste étendue semée de blé. Une jeune femme entre dans le champ de la caméra, bientôt suivie d'un jeune homme qui la rattrape et l'enlace. La seconde séquence montre une réunion familiale et amicale autour d'un barbecue, parmi lesquels on retrouve les deux jeunes gens. Ce tableau d'apparence idyllique ne va pourtant pas sans fausses notes. La jeune femme, qui a plusieurs enfants, est en instance de divorce, le jeune homme est plus jeune qu'elle et, surtout, l'époux délaissé semble déterminé à faire valoir ses droits. Peu à peu, le réalisateur conduit ses personnages vers le drame inéluctable. Ce film se déroule au cœur d'une petite ville de pêcheurs du Maine, dans un milieu aisé. Todd Field en dresse un portrait chaleureux : personnages plutôt âgés (ils sont parents de grands enfants, voire grands-parents), bien installés dans la vie, à l'abri de tout souci matériel, profitant tranquillement de la vie, partagés entre leurs occupations professionnelles, leurs amis et leurs loisirs. Cette description occupe, avec la mise en place de la tragédie, le premier tiers du film. Les deux tiers suivants s'attachent aux répercussions du drame sur ce milieu protégé.

Le réalisateur adopte un style qui vise à restituer l'atmosphère si particulière de ce cercle fermé qui se connaît si bien et depuis si longtemps. Sa caméra, toute en retenue, filme les personnages comme à distance, respecte leur pudeur, alterne les scènes où ils sont présents et de fréquents plans de la ville, des habitations, du port, comme pour relier les personnages au décor dans lequel ils vivent, et qui les explique. Les silences s'installent entre les habitants, les dialogues tournent court, les gestes et les attitudes restent toujours mesurés.

Le film tout entier est en demi-teinte pour mieux exprimer un mal-être intériorisé. Les couleurs vives et chaleureuses du temps du bonheur (début du film) se transforment en couleurs pastel – gris, beiges, verts – après la tragédie. Les acteurs sont à l'unisson, tout en pudeur frémissante.

Un film grave, lent – trop lent, penseront certains – qui s'étale comme le malheur et semble se figer sous la chape de plomb du sentiment de culpabilité des personnages, avant de s'écouler enfin lorsque leur sens de la justice est satisfait.


Répondre

De bastien, le 22 février 2004 à 12:59
Note du film : 2/6

Cette chambre là ne ressemble pas vraiment à celle du fils de Moretti (d'ailleurs, on a droit à une métaphore sur les homards en ouverure pour nous l'expliquer). Pourtant les deux films abordent la mort du fils ainé dans un couple comme élément central… Mais le problème du deuil (qui rappelle aussi "Crossing Guard") s'avère moins important ici que celui de l'incommunicabilité. De la même manière, c'est difficile de le voir comme une oeuvre sur la vengeance personnel, puisqu'on ne saura jamais vraiment la nature du crime (accident ou coup de feu prémédité?), ce qui nous permetrait de suivre une expiation par un justicier (façon Bronson ou Sally Field dans "Eye for an eye").

Le film de Todd Field dédramatise chaque scène qui risquerait de passer un tant sois peu pour du pathos… La douleur direct de l'assassinat de l'enfant est vécu par eclipse, comme l'annonce à la mère: pas le droit de pleurer ou s'émouvoir une seule seconde. Film d'une grande sècheresse, il met à nu un de ces couples qui ne fonctionne qu'en se taisant, ou chacun juge l'autre sans rien dire, et ou l'enfant mine de rien était là pour maintenir l'équilbre.

Le propos pourrait être intéressant, mais la mise en scène donne souvent l'impression de vouloir empécher à tout prix le spectateur de ressentir autre chose que le silence et le sec… Toujours distante et dédramatisée au maximum entre ses fondus au noir et sa musique ascétique de Thomas Newman, on peut en arriver à accuser le film de superficialité et de n'avoir pas grand chose à dire que des choses convenues dérrière son allure exigeante qui sonne faux plus qu'elle n'intrigue…

Encore le fameux dilemme: faire des films qui ne communiquent pas pour parler de gens qui ne communiquent pas? Le temps d'une gifle, tout le métrage parvient à se justifier , mais c'est quand même peu pour sortir de son allure générale assez caricaturale… surtout quand des films comme "Mystic River" sont passé après. Et bien qu'exellents, on ne peut pas dire que Spacek et Wilkinson soient réellement servis au mieus par le film… On en retiendra plutot le jeune Nick Stahl, exellent (puis l'apparition surprise de Karen Allen).


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version haut débit

Page générée en 0.0016 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter