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Critique


De Christopher Brandon, le 30 septembre 2003 à 02:57
Note du film : 3/6

« Comment tu tues le diable ? D’une balle dans le dos ? Et si tu le rates, après, il se passe quoi ? » On pouvait se dire que sur le papier ça avait tout d’une mauvaise idée. Ou tout du moins ça ressemblait à une idée sacrément casse-gueule pour que personne n’ose y aller. Et pourtant, les producteurs ont dit banco après plusieurs hésitations de bon aloi. Kézako alors que ce Max ? Non, il ne s’agit pas de la biographie de l’homme à tout faire de Jonathan et Jennifer Art. Non, il ne s’agit pas non plus d’une aventure en solitaire du compère animé de Dingo. Max, c’est le nom d’un personnage imaginaire, mutilé juif allemand de la grande Guerre qui ouvre aux sortirs de celle-ci une galerie pour promouvoir l’art moderne. Tout irait bien en définitive si un drôle de personnage malingre au regard noir, petit caporal aux abois, ne venait montrer son travail de peintre à Max. Son nom : Hitler. Adolf Hitler.

On comprend aisément que ce projet ait senti le soufre avant même que des producteurs ne le signent. Rares sont les personnages, historiques ou non, aussi délicats à manier qu’Adolf Hitler. Surtout quand il s’agit d’associer une réalité fantasmée comme la vie de ce Max à celle, nettement plus sérieuse, du démarrage d’Hitler dans le jeu politique de l’immédiat après première guerre mondiale. Certains diront que c’était une fausse bonne idée, d’autres diront à l’inverse qu’il fallait tenter un film comme celui-là pour rendre bien plus tangible une personnalité aussi marquante qu’Hitler et éviter ainsi de l’ériger en figure de proue de la monstruosité humaine. Je serai claire : je me positionne précisément dans cette seconde voie. Le film a l’immense qualité de montrer Hitler ne croulant pas encore sous l’imagerie nazi communément enseignée dans les écoles. Il présente cet homme agité et méfiant en tout, fielleux et hypocrite, avant tout comme un homme. Et il n’est jamais plus intéressant que de regarder un monstre quand il est encore à notre hauteur. Pour rendre l’ignoble regardable, il fallait un comédien incroyable, et c’est l’anglais Noah Taylor qui s’y colle. On peut se souvenir de son interprétation du pianiste David Helfgott à vingt ans dans le film Shine qui avait révélé au monde Geoffrey Rush. Ici, il incarne un Adolf Hitler de trente ans, au regard noir et à la rage bien présente. Quel remarquable talent possède ce garçon au visage singulier, sur les traits duquel on se surprend tout au long du film à tenter de déceler ceux du véritable Hitler ? Incontestablement, en proposant un Hitler si proche et si intime, le réalisateur Menno Meyjes nous rappelle d’abord que la destinée du pire des monstres a elle aussi commencé par des circonstances « favorisantes » et que même Hitler un jour n’a été rien.

Paradoxalement c’est dans la dualité entre Max et Adolf que le film rate peut être la prétention à devenir un grand film. Max incarne pour Hitler celui qui lui permettra d’assouvir ses désirs de peintre et qui lui ouvrira les portes de la reconnaissance de ses talents graphiques. Juif bourgeois, mutilé par la guerre, charismatique et séducteur (magnifique John Cusack), Max est un peu l’antithèse du noiraud Hitler. Et le déclencheur de la vocation finale d’Hitler en même temps que l’une de ses toutes premières victimes. Ce contresens historique est dangereux à plus d’un titre. Il présente un judaïsme éclairé, bourgeois aisé et avide d’art (une sorte de juif idéal cible centrale de la folie d’Hitler en somme) et le pose comme seul rempart capable de raisonner le futur Führer. C’est la défection de Max, totalement involontaire, qui va faire basculer le destin d’Hitler vers la politique nous raconte t-on dans le film. Et c’est l’engagement d’Hitler pour le parti nazi naissant qui va causer la perte de Max. On pourrait aller loin sur le sentier délicat de l’interprétation et nombre de querelles et de malentendus pourraient être proférés à la suite d’un film comme celui-là. J’aurai aimé peut être davantage que la question juive ne soit pas présentée avec des ficelles aussi grosses, non pour la minimiser, mais pour éviter le pathos dans lequel le film ne peut s’empêcher de tomber. Quoiqu’il en soit, Max est un film courageux précisément parce qu’il prend des partis pris et qu’à l’instar d’un No Man’s land ou d’un Démons à ma porte, il prête à réflexions et nous encourage à toujours être vigilant quand la menace réelle du totalitarisme se rapproche, comme malheureusement en avril 2002. Répéter les mises en garde contre les extrêmes ne sera jamais un travail vain.


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max


De Pigeon Lane, le 30 mai 2003 à 17:59
Note du film : 4/6

Il ne s'agit pas de l'enfance d'Hitler, mais de l'après 14-18, moment où il cherche à devenir peintre et rencontre le marchant juif Cusack qui tente de l'aider. L'échec de sa carrière (et son manque de talent) pousseront Hitler à s'exprimer autrement… On sait comment ! Intéressante théorie, pour un film théâtral mais passionnant où Noah Taylor campe un Hitler terrifiant de réalisme, jamais caricatural. Humain certes, mais laissant percer les prémices du monstre à venir. John Cusack est parfait, comme toujours. A noter que Leelee Sobieski n'apparaît qu'assez peu dans "Max" en maîtresse de Cusack. J'ignore si ce film sortira en France (c'est une copro française, pourtant) mais il vaut largement le coup d'oeil.


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