Les trois coups ont retenti, les lumières déjà s'éteignent : voici GOLEM, le film qui a peut-être coûté la vie à Harry Baur.

En effet, dans beaucoup de ses compositions, le grand Harry a su célébrer l'âme slave, ou l'âme juive. En dépit du rôle – précisément, de persécuteur : Rodolphe II – qu'il incarne dans cette création à couper le souffle, c'est à la vieille légende du GOLEM, ainsi qu'elle a été reprise dans des oeuvres telles LE KABBALISTE DE PRAGUE, qu'il s'attaque ici, par un jeu déconcertant de réalisme et de cette sorte de ferveur que seul peut dégager le jeu de nos plus grands monstres sacrés.

Le principal chef d'accusation dressé contre Harry Baur par l'occupant était son statut de Juif. Or, un certain nombre d'enquêtes dont il est, aujourd'hui encore, assez malaisé de distinguer le vrai du faux, affirmèrent qu'il n'en était rien et que toutes les accusations reposaient sur la seule carrière de l'artiste. Et, de fait, bien que LE JUIF POLONAIS lui dispute cette réputation, LE GOLEM est, des films traitant du monde juif au Cinéma français d'immédiat-avant-guerre, l'un des spécimens les plus représentatifs et les plus envoûtants.

Citons, outre l'éblouissante prestation d'Harry Baur, notre " vraie gueule de second rôle Aimos ", brillant et bouffon dans le rôle du serviteur Toussaint, ainsi que celles de la gracieuse Germaine Aussey et de Charles Dorat ( " Rabbi Jacob " avant l'heure ! mais en rabbin tragique ).

Lors de sa diffusion au Cinéma de Minuit, M. Brion signale, fort justement, que le film a subi l'un des plus mauvais traitements de conservation qui soient. Comme quoi, souligne-t-il, cela témoigne du " peu de soin de certaines archives " prodigué aux oeuvres cinématographiques.

Oui , c'est vrai . Le cinéma de minuit l'a diffusé ,ainsi . Si Chateau a été condamné ,c'est pour cela.