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Au festival de Venise


De vincentp, le 22 avril 2018 à 13:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

A l'occasion de la rétro Mizoguchi de ce printemps, j'ai pu voir ou revoir 20 de ses films sur grand écran, plus un en dvd (La Vie d'Oharu, femme galante). Quel bilan peut-on en tirer ? C'est incontestablement un des plus grands cinéastes de l'histoire du cinéma, parmi sans doute les dix plus grands. Certains le placent sur la plus haute marche, mais on est là dans le pur subjectif. A mon avis, il est mort trop tôt. Il aurait le "Ichi-ban" incontesté du cinéma japonais avec 10 films de plus.

Thématique ambitieuse et variée, creusée impeccablement, avec une forme à la hauteur. Le cinéaste s'est appuyé sur d'excellents scénaristes dont Yoshikata Yoda. Il a su faire évoluer son langage cinématographique, le rendre plus limpide. A partir de 1950, tout fonctionne à merveille et Mizoguchi enchaîne onze chefs d'oeuvre consécutivement (je lui attribue douze chefs d'oeuvre avec Femmes de la nuit). C'est le seul cinéaste à posséder cette caractéristique de continuité à un très haut niveau de qualité, sur plus de dix œuvres. A titre comparatif, je compte dix chefs d'oeuvre pour Ozu de 1949 à 1962 (en treize films).

Mes préférences vont vers : 1- Les musiciens de Gion 2- Les contes de la lune vague après la pluie 3- La dame de Musashino 4- Une femme dont on parle 5- La rue de la honte.

Il me semble, et c'est incroyable, que la La dame de Musashino et Une femme dont on parle (+ Le destin de madame Yuki) ne sont pas édités en dvd zone 2. Très étonnant : Mizoguchi est absent des bacs dvd de la plupart des enseignes spécialisées.

Autre remarque : à eux trois, Mizoguchi, Ozu et Kurosawa écrasent le cinéma japonais, même cinquante ou soixante ans plus tard. Les autres cinéastes de qualité (Naruse, Ichikawa, Misumi, Kobayashi, Oshima,…) sont assez nettement distancés, quant à la qualité de leurs oeuvres.

Pour l'anecdote, cette rétro programmée en cinq semaines seulement (façon méchoui et barbecue au cours du même repas), m'a posé quelques problèmes. Pour des retraités, cela passe. Pour des actifs, c'est plus compliqué. J'ai voulu enchaîner (après un entrainement poussé de natation) La rue de la honte, Une femme dont on parle et Les musiciens de Gion au cours de la même soirée. J'ai du quitter la projection du troisième film au bord du malaise, complètement épuisé. J'ai revu, cette fois en entier, Les musiciens de Gion deux semaines plus tard, juste après qu'un pigeon m'ait largué devant l'entrée une fiente sur la tête et le pull. Heureusement, j'ai pu nettoyer tout cela dans les toilettes.

Et puis, maintenant, cela fait bizarre, de s'apercevoir que des œuvres d'autres cinéastes réputés (comme Fassbinder), considérées comme des classiques, se situent deux à trois tons en dessous.


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De dumbledore, le 14 novembre 2004 à 15:58

En étant présenté au festival de Venise, La Vie d'Oharu, femme galante est le film qui permet d'ouvrir le marché européen et américain à Kenji Mizoguchi. Pourtant, de tous les films de Kenji Mizoguchi celui-ci est peut-être un de ces films les plus tape à l'oeil, les plus artificiels.

Comme point de départ, un sujet on ne peut plus mizoguchien : la vie d'une femme, de sa jeunesse bourgeoise à sa vieillesse, vie qui va l'amener à être une prostituée de bas étage. Une dénonciation habituelle dans l'oeuvre du grand maître japonais: le traitement des femmes par une société masculine qui les exploite, qui les pousse à la prostitution avant de les condamner justement à s'être "réduit" à cette prostitution.

Ici, la figure de l'homme visée est le père qui, par plusieurs fois dans ce film, condamne sa file à la prostitution (pour un mariage au départ, ensuite pour être la mère de l'héritier du seigneur et enfin pour qu'elle puisse rembourser les dettes accumulées par la famille.

De nouveau Kenji Mizoguchi recourt à une mise en scène qui joue sur les plans séquences, et brosse un portrait de femme tout à fait émouvant et touchant.

Toutefois, le film vire très souvent, trop souvent, vers le mélodrame et les auteurs recourent un peu trop facilement au destin qui n'a de cesse de jouer des mauvais tours à l'héroïne : mari qui se fait attaquer par des voleurs, personnage qui la reconnaît et la dénonce, etc. Le procédé devient un peu lourd sur la longueur et ces "deus es machina" répétitifs gâchent un peu la pureté du film.


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