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Critique


De Gaulhenrix, le 17 mai 2007 à 15:08
Note du film : 4/6

On retrouve dans ce nouveau film de Frank Darabont le goût du fantastique et la sentimentalité qui avaient fait le charme de La ligne verte. Cette fois, les années 1950 aux Etats-Unis servent de cadre à l'histoire d'un scénariste ambitieux, Peter Appleton, interprété par Jim Carey, et indifférent à ce qui se passe autour de lui. Mais la « chasse aux sorcières » communistes initiée par le maccarthysme va injustement le mettre en cause. Brutalement dépossédé des premiers signes de la réussite (maîtresse qui le quitte, studio qui se détourne de lui), le héros se voit privé de l'avenir dont il rêvait et se retrouve victime d'un accident hautement symbolique : projeté, au volant de sa voiture, dans un fleuve, et emporté par le courant il échoue au bord d'une plage, vivant mais amnésique. Ce qui clôt la première partie du film.

Accident symbolique, s'il en est. En effet, cette plongée dans les eaux peut apparaître comme une sorte d'immersion dans le liquide amniotique et prélude à une re-naissance. Un autre film commence : désormais amnésique, il se retrouve dans une petite ville très différente du milieu qu'il fréquentait à Hollywood dont les valeurs (ambition, réussite, hypocrisie, faux-semblants) sont aux antipodes de celles qu'il va découvrir (dévouement, solidarité, respect, sincérité) et qui sont celles de l'Amérique profonde encore marquée par les sacrifices en vies humaines consentis pendant la deuxième guerre mondiale. On notera ici que le réalisateur propose une originale idée de mise en scène : dès que Peter Appleton arrive dans la petite ville, il n'est plus fait mention du prologue pendant une dizaine de minutes, sans doute pour que le spectateur en oublie la réalité : ainsi peut-on dire que l'amnésie est « filmée ».

La suite va permettre à Frank Darabont de montrer l'évolution de son héros. Peter est pris pour un autre (Luke, disparu lors des combats de 1940-1945) en raison d'une ressemblance physique, est tout de suite adopté par les habitants, et se voit offrir famille, amour et amitié. De son côté, il va progressivement rendre à la ville sa joie de vivre d'avant la guerre en faisant revivre le cinéma The Majestic, tel le Messager du Bonheur. L'essentiel du film est, comme le précisait dumbledore, directement inspiré par le cinéma de Frank Capra (et, notamment, par La vie est belle) auquel est ainsi rendu hommage.

La dernière partie du film est marquée par le retour du passé du héros dans sa nouvelle vie et les bouleversements qui s'ensuivent. Un instant remise en question, l'harmonie de la petite ville sera rétablie car l'arriviste indifférent à tout, voire cynique, du début s'est métamorphosé en héros humaniste positif dont le discours final dénoncera la « chasse aux sorcières » et rendra hommage aux valeurs traditionnelles de l'Amérique.

Les intentions de Frank Darabont sont éminemment sympathiques : hommage au cinéma, couleurs chaleureuses des films d'alors, reconstitution émouvante d'une époque disparue, etc. Malheureusement, le spectateur ne peut manquer d'être irrité par une réalisation qui pèche par un excès systématique de sentimentalisme : ce n'est pas se montrer insensible que de refuser les (vraiment trop) gros plans de visages des acteurs longuement filmés jusqu'à ce que… coulent les larmes ! Quant aux bons sentiments, ils sont bien trop lourdement montrés.

Bref, le film développe une métaphore – l'Amérique d'aujourd'hui (incarnée par la première vie du héros) est oublieuse des vraies valeurs de celle d'hier (représentée par la petite ville) dans laquelle elle doit se replonger pour se ressourcer et retrouver son humanisme (comme l'a fait le héros en devenant Luke, messie attendue par tout le village)- qui peut séduire, voire convaincre, mais reste, parfois, maladroitement présentée…


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De dumbledore

C'était l'époque où les devantures de cinéma faisaient rêver grâce à leurs mille couleurs, l'époque où les billets étaient encore des bouts de cartons si caractéristiques et non pas des pseudo-facturettes. C'était une époque où tout le monde se connaissait, se saluait, faisait la fête ensemble pour partager un moment de joie ou se serrait les coudes dans les moments durs. Cette époque est ici un endroit, c'est la petite ville de Lawson. C'est là, dans une cure d'humanité que Peter (Jim Carrey) va apprendre les valeurs oubliées, aussi bien humaines que sociales, pour pouvoir ensuite faire face et front contre le fascisme de son propre pays, les Etats-Unis.

The Majestic fut un échec aux Etats-Unis. Faut-il s'en étonner ? Pas vraiment. Les films sur le maccarthysme n'ont que très rarement fonctionné. Cette page est bien sombre dans l'histoire des Etats-Unis et à l'inverse de celle du Viêt-Nam, bien difficile à tourner. Peut-être sans doute parce que les critiques et les pratiques de cette époque n'ont pas vraiment changé. L'intolérance est toujours là, l'ethnocentrisme aussi. Mais cela permet aussi à The Majestic d'être ainsi toujours d'actualité.

Au-delà de la dénonciation d'une époque guère glorieuse des Etats-Unis, Darabont fait aussi et avant tout un film sur Hollywood, d'une manière assez originale puisqu'il s'agit en fin de compte de l'histoire d'un cinéaste qui passe « de l'autre côté » et qui devient pendant un temps… un spectateur.

Certes ce qu'apprend Peter, c'est le courage, les valeurs, etc, mais c'est aussi (dans la perspective hollywoodienne), la vraie importance du cinéma. Il découvre à quoi sert et doit servir le cinéma. Non pas à parader, monter quelques marches, mais donner envie de vivre, offrir de la joie, laisser les problèmes de côté le temps de se ressourcer, de respirer. Le cinéma, c'est la couleur, éclatante à l'instar de la devanture multicolore du Majestic que Darabont filme en long et en large. L'hommage est touchant, le message nécessaire à une époque où ceux qui font le cinéma (en France notamment) oublient d'y aller, comme simples spectateurs.

Alors certains pourront être agacés par le sentimentalisme qui parcourt le film. Il fait pourtant partie intégrante de la volonté du metteur en scène qui rend aussi hommage au cinéma des années 40/50 et à Capra en particulier. Quant au patriotisme, pour une fois, il ne sent pas trop mauvais puisqu'il correspond à la définition qu'en donnait J.F.K : « le patriote, c'est celui qui lutte contre son gouvernement pour le bien de son pays »…

Et puis ce film permet de répondre à une question cruciale : mais où est passé la statuette en or que dérobait Indiana Jones au début des Aventuriers de l'arche perdue ? Elle est à Hollywood bien sûr, et sert encore dans des films de série B…


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