Note ajustée : 4.5/6 Voilà sans doute le film le plus délibérément idiot, le plus volontairement bête et le plus jubilatoire que j'ai vu dans le registre de la comédie US. Affublé d'un sous-titre français ridicule (Dodgeball, même pas mal) laissant croire qu'il s'agit d'une énième comédie avec Ashton Kutcherou Cameron Diaz sondant les tréfonds de la nullité, le film repose sur un seul principe particulièrement bien utilisé (je trouve) : plus les héros s'en prennent plein la "tronche", plus le spectateur se bidonne. A mille lieu de la vulgarité crasse des Scary Movie et autres American Pie, le film évite constamment la grossièreté et exploite son postulat de départ sous tous les angles (une bande de "losers" se lance dans un tournoi de balle au prisonnier afin de sauver leur salle de sport, menacée d'être rachetée par un magnat de la remise en forme (Ben Stiller, grandiose). Raconté comme ça, ça donne envie de prendre ses jambes à son cou et de se précipiter sur l'intégrale de Bergman ou d'Antonioni, mais à l'écran c'est assez hilarant…

…Car il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie Ben Stiller (revêtu d'une combinaison en acrylique rose fuchia ultra-moulante, arborant une énorme moustache à la Chuck Norris, une perruque à la Bee Gees et des muscles hypertrophiés) vanter les mérites de son développeur de pectoraux (" Vous êtes moches, vous êtes gras, vous avez honte de vous regarder dans votre glace le matin ? Je peux faire quelque chose pour vous…"). Mais ce n'est rien comparé à la séquence où, face à une pizza qu'il meurt d'envie de dévorer, il s'envoie des décharges électriques pour ne pas céder et conserver sa taille mannequin et surtout, celle où il essaye de draguer son assistante (incarnée à l'écran par sa femme) : il gonfle une poche à air comprimée ( sur une partie de son anatomie que vous aurez devinée) pour se rendre plus viril, descend l'escalier en lisant le dictionnaire (à l'envers) pour paraître cultivé et enchaîne les lapsus linguae désopilants…

Hormis une deux petites baisses de rythme et des personnages secondaires pas toujours suffisamment développés, Dodgeball comporte dix idées à la minutes et provoque chez le spectateur (du moins chez moi…) des fous-rire compulsifs. Un film à voir absolument pour se dérider les zygomatiques.

PS : même Télérama, magazine sérieux et légèrement bien-pensant s'il en est, s'est fendu d'une critique dithyrambique à la sortie du film. C'est dire…!