On ne pourra jamais reprocher à Friedkin d'avoir toujours fait le même film… Après la belle surprise que fut le récent Traqué, sorte de Rambo pour public muni de cervelle, Bug n'est pas du même niveau, et ne s'affranchit jamais de ses origines théâtrales. D'avant-garde, même…

Etude sur la paranoïa, sur l'obsession très américaine du complot, narrée du point de vue des malades, Bug est un huis-clos qui crée un vrai malaise par la misère humaine qui s'en dégage, puis par la montée irrésistible de la folie, qui culmine dans un délire à deux, dans un décor recouvert d'aluminium. On s'attend à plus du scénario, une chute inattendue, un revirement de dernière minute, quelque chose… Mais non. Friedkin poursuit sa route, impavide, jusqu'à la conclusion inévitable et prévisible depuis le début ou presque. C'est la grosse faiblesse du film, qui happe sans finalement tenir ses promesses. Bug doit tout à ses comédiens : Ashley Judd dont c'est le grand retour, qui campe une paumée au cheveu sale, à l'oeil torve, avec une belle abnégation et des envolées impressionnantes, et Michael Shannon qui créa le rôle sur scène, dont certains moments font vraiment peur. Il y a un côté expérimental dans Bug, assez séduisant surtout de la part d'un cinéaste septuagénaire, mais le film manque de substance pour vraiment convaincre. A ranger avec les films "zarbes" comme Le festin nu et Twin Peaks. Mais quelques crans en-dessous…