Ben voyons ! N'empêche que de beaux talents (à défaut d'être de bons esprits) comme Agnès Varda ont marché dans ces fariboles, dans ce qui fut traduit un peu plus tard par le slogan socialiste Changer la vie. Remarquez bien Varda, dès 1965 avec Le bonheur dynamitait déjà un peu la vision traditionnelle des choses avec son François (Jean-Claude Drouot) bien naïf qui aurait bien tout à fait aimé conserver à ses côtés à la fois sa femme Thérèse (Claire Drouot) et son amante Émilie (Marie-France Boyer). Dans le vaudeville, on appelait ça jadis un ménage à trois.
Dans Lions love, c'est la figure inversée de ce trio qui se présente : non plus un mâle et ses deux nénettes, mais une fille et ses deux amants. La chose est entendue d'emblée (au contraire du Bonheur et de sa narration classique). Les trois jeunes gens, beaux et chevelus (dotés d'une crinière de lions, d'où le titre) sont Viva (actrice liée à Andy Warhol), Jim (James Rado) et Jerry (Gerome Ragni). Ce petit monde vit dans une belle villa de Beverley Hills et passe son temps à glandouiller au soleil, dans la piscine, dans le lit et devant la télévision. Ils apprennent dans cet heureux état de stupéfaction la tentative d'assassinat d'Andy Warhol (par l'ultra-féministe Valerie Solanas) le 3 juin 1968 et l'assassinat tout à fait réussi de Robert Kennedy le 6 juin. Pendant ce temps une copine à eux, Shirley Clarke, réalisatrice d'avant-garde (Doux Jésus !) tente de se suicider parce qu'on lui a refusé le final cut de son film. J'allais oublier qu'in fine, les trois sacripants, costumés lisent des extraits de textes de Saint Augustin, Saint Jean de La Croix et Sainte Thérèse de Lisieux.Voilà, c'est tout. J'aime beaucoup Agnès Varda, je suis tout autant bouleversé aujourd'hui que naguère par Cléo de 5 à 7, Sans toit ni loi. Et aussi par Le bonheur et Daguerréotypes. Il faut bien admettre que les meilleurs, ceux dont on est intellectuellement le plus proche peuvent être aspirés par des trous noirs
Je suis pour la réédition de ce film et de surcroît en dvd… je l'ai vu hier soir pour la première dans le cadre d'une semaine dédiée à la cinéaste dans ma fac. ce film est très intéressant et "génial" (je ne sais quel qualificatif lui attribuer):on est transporté dans un univers méconnu, en marge des productions hollywoodiennes de l'époque et on s'abandonne au fil des délires stylistiques des acteurs : de mots, de gestes et de jeux. Lion's love est un film différent que tout bon cinéphile qui se respecte dois voir par son individualisme et sa force.
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