Les cinéastes s'étant cramponnés avec une telle hargne à décrire les pulsions les plus basse chez les hommes sont rares, Fritz Lang en ait certainement le plus représentatif.
Son cinéma a continuellement puisé son inspiration soit dans les grands drames sociaux du vingtième siècle, soit dans la violence de la société, les deux sujets étant par ailleurs confondants ou interchangeables.
M le maudit est construit à partir de ces deux critères, Lang nous montre en premier lieu une Allemagne affamée qui a peur (au sens propre) avant de démonter les rouages d'une misère croissante qui aboutit inévitablement à la violence ou à la haine.
Dans son film la violence et la haine envahissent les protagonistes au même moment ou l'Allemagne croyait trouver en Adolf Hitler un juste leader.
Il y a dans M le maudit une démarche évidente à la Zola, le film est sans concession un film analytique, sur une période malsaine, mais plus grave sur le changement de comportements des foules face à l'insécurité.
Le lynchage final (et idiot) confirme explicitement ces données et en quelques minutes, Lang juge ceux qui se voudraient juges.
Le film défend une justice républicaine, des hommes éduqués et des prisons propres.
Techniquement le film est magistral, noir et blanc que l'on dit poisseux, sert encore plus à rendre le film sombre et déstabilisant un peu comme dans Voici le temps des assassins de Duvivier forçant ainsi sur les ombres de l'assassin.
Le genre de noir et blanc qui permettait à une œuvre de prendre en quelques plans l'imagination du spectateur et à rendre une ville, un personnage, une atmosphère encore plus étrange.
Chose que l'on ne retrouve que difficilement dans les films actuel en couleur.
Le film contient une force tragique rare, chaque personnage semble être salaud à tel point que l'assassin (Peter Lorre magnifique) donne l'image d'une victime faible devenu inhumain par le monde qui l'entoure.
On retrouve à la fin de L'homme qui en savait trop la même frayeur lorsque le même Peter Lorre est encerclé par la police.
Parfait dans le rôle, il incarne à merveille un cas pathologique dément s'inspirant bien évidemment du cas de folie du Vampire de Dusseldorf.
Le premier titre Les assassins sont parmis nous déplut au parti National-Socialiste qui voyait là un pointage douteux.
Lang se sentant menacé changea son titre et à la prise de pouvoir d'Hitler quitta l'Allemagne.
Avec Le docteur Mabuse celui-ci avait déjà dit y avoir attaqué indirectement les Nazis.
Aux États-Unis Lang ne sera pas plus positif, la plupart de ses films se situeront encore autour des mêmes problèmes, on retrouvera le thème du lynchage dans Fury avec Spencer Tracy ainsi que ce regard desoeuvrant porté non pas sur les hommes, mais beaucoup plus sur les citoyens de chaque pays.
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