Benoit Jacquot signe l'une des adaptations les plus intéressantes d'opéra qui soient. Il ne fait pas simplement de l'opéra filmé, comme l'a fait (avec brio toutefois) Frédéric Mitterand avec Madame Butterfly. Il mélange sans cesse images 35 millimètres de l'opéra où les comédiens chantent et jouent avec des images de vidéo en noir et blanc de l'enregistrement de l'opéra, avec l'orchestre, avec les comédiens en "civil", ainsi que quelques images vidéo couleurs, saturées et saccadées de décors. Le tout est des plus intéressants, puisque Jacquot renonce à la prétention de faire un film dramatique classique avec l'opéra, ce qui n'a jamais vraiment fonctionné. Le chant, le surjeu des comédiens semblent rendre impossible l'émotion purement cinématographique qui nécessite la finesse dans le jeu. Du coup, cela donne un peu un effet clip, mais cela permet aussi de se laisser aller à une sorte d'attention flottante, qui nous fait aborder le film avec une distance qui n'est en rien gênante.

Le parti pris cinématographique mis de côté, on peut reprocher à Benoit Jacquot la même chose que pour ses autres réalisations : une certaine fainéantise. Les cadres, les mouvement de caméra sont trop classiques, manquant d'imagination. Heureusement, le montage alerte et fin, permet de limiter l'académisme…