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Critique


De vincentp, le 13 décembre 2006 à 10:42
Note du film : 6/6

Excellent film : une belle analyse des rouages de la bureaucratie, en particulier.


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De dumbledore, le 26 décembre 2002 à 00:00

Difficile de sortir du film sans être sous le choc de sa modernité, de son intelligence et de son humanisme. La modernité est impressionnante. Nous sommes en 1952 et Kurosawa ose une narration d'une liberté folle et d'une mise en images tout aussi osée.

Vivre démarre sur une voix-off relayée par des scènes assez longues, classiques, c'est-à-dire centrées sur une unité de lieu et d'action : l'administration et sa vie rangée, puis l'hôpital et le mélange de mensonge et de réalité, puis la maison avec la famille figée et déjà " morte ". Ici, on assiste à une première rupture narrative et une des scènes les plus belles du film. Notre héros revisite sa maison et repasse toute sa vie en tête. Kurosawa le prend au mot et nous montre sa vie par l'intermédiaire de flashs très courts et très saisissants : la mort de sa femme, la jeunesse de son fils. Bref, une vie vide et insipide, aussi vide et froide que l'appartement. La scène est sublime, et ce ne sera pas la dernière du film.

Le film reprend, classique cette fois, avec la virée dans la rue des plaisirs avec un compagnon d'ivresse (notez la récurrence du thème visuel du voile devant les personnages et du reflet dans les miroirs), puis les scènes d'amitié amoureuse avec la jeune femme symbole de la jeunesse perdue (sublime plan symbolique de la jeunesse : elle qui rit alors que deux camions la frôlent dangereusement sans qu'elle ne s'en rende compte)? Puis rupture totale. On est à 1 heure 30 du film, durée à laquelle est censée arriver la fin du film et on apprend que ça y est, notre héros est mort. La rupture est toute à la fois chronologique et de focalisation. On ne suit plus le personnage (mort) mais on passe aux collègues de bureau, qui, lors d'un dîner mortuaire des plus arrosés, racontent ce qu'ils savent ou devinent des derniers mois du mort. On a alors droit à de nouveaux flashes-back très courts qui partent à la recherche de la vérité du mort.

Bien évidemment, cette structure cassée a un sens qui résonne, comme il se doit, avec la thématique du film. Quel est le sens de vie ? Le travail quotidien purement alimentaire et momificateur ? La famille avec l'abnégation qu'elle réclame et l'égoïsme qu'elle offre en retour ? Le plaisir du corps qu'on trouve au bout de la rue et au bout de la nuit, plaisir sans lendemain ? Ou bien nostalgie triste et déprimante de la jeunesse passée ? Non, nous dit Kurosawa, rien de tout cela. Le sens de la vie, ce n'est pas ce qu'on a fait (sinon, on aurait continué à voir notre héros construire le parc en direct), mais la répercussion de ce qu'on a fait sur les autres. D'où l'idée géniale de voir " la construction " du parc à travers les témoignages de ceux qui restent vivants et qui peut-être réagiront enfin, se mettront en mouvement et auront eux aussi, une vie qui ne sera pas vide.

Avec ce message de vie unique et fort, Kurosawa est décidément un cinéaste d'action dans le plus noble sens du terme, dans le sens d'un encouragement à changer les choses et à rendre les êtres meilleurs !


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