Dans le Hong Kong du début des années 60, l'histoire d'amour tumultueuse entre un peintre américain (William Holden) et une jeune Chinoise (Nancy Kwan), contrainte de se prostituer pour subvenir à ses besoins.

Un film romantique méconnu de Richard Quine célèbre pour ses comédies (parfois scénarisées par son ami Blake Edwards) et pour les films interprétés par son égérie Kim Novak: Du plomb pour l'inspecteur, L'adorable voisine, L'inquiétante dame en noir et surtout Liaisons secrètes, son chef-d'oeuvre.

Le monde de Suzie Wong renoue avec la veine sentimentale et romantique de Liaisons secrètes mais dans un cadre exotique, le Hong-Kong des sixties. Et c'est une réussite probante, aussi bien au niveau de l'histoire d'amour mise en scène que de la façon dont le cadre est utilisé.

William Holden est excellent mais, divine surprise, sa partenaire Nancy Kwan se montre à la hauteur dans un rôle difficile. La mise en scène et la peinture des sentiments sont d'une grande justesse, comme c'était le cas l'année précédente dans Liaisons secrètes. Mais ici on sent une bienveillance supplémentaires envers les personnages. L'émotion est au rendez-vous mais pas la sensiblerie.

Contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, Hong Kong est très loin d'être utilisée comme un paysage de carte postale, quand bien même la photogénie de certains lieux est manifeste. Car le scénario est loin de cacher la misère des habitants et la vétusté de certains quartiers. Peu d'éléments rappellent que nous sommes à une époque (avant 1997) où Hong Kong était sous domination britannique. Le spectateur sent une bienveillance constante envers les autochtones: là aussi le film fait preuve d'une justesse de ton évidente.

Seule peut-être la musique, beaucoup trop présente, tire trop sur la corde sentimentale et sur les clichés asiatiques en vigueur.

Seule cette bande originale et une longueur excessive m'empêchent de considérer Le monde de Suzie Wong comme un chef-d'oeuvre mais ce film constitue l'une de mes belles découvertes de cette année 2020.