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Critique


De Tamatoa, le 21 octobre 2013 à 20:26
Note du film : 2/6

Par moments, la beauté des décors de cette œuvre est réduite à sa plus simple expression et ce dénuement voulu les rend encore plus beaux. On sent, par instants seulement et c'est fort dommage, le formidable travail du très adroit artisan Georg Wilhelm Pabst qui filme bien passionnément son sujet. Et je trouve que ce muet qui ne veut pas mourir, décrié par Dumbledore, renforce la magie du film tout entier. Mais hélas, ce charme magique retombe par trop souvent car on est constamment partagé entre l'esthétisme de ce film et la prestation robotisée d'un Pierre Blanchar obnubilé à souhait. Tomber amoureux d'Antinéa demande un peu plus d'érotisme dans les yeux.. Je ne dis pas qu'il gâche l’œuvre. Mais le choix d'un acteur moins écorché aurait été le bienvenu. Pierre Fresnay par exemple. De plus, à aucun moment n'est évoqué l'emplacement de cette île fictive. Et si les textes les plus anciens ne se sont jamais mis d'accord pour la localiser, chaque nouvelle (!) fiction nous fait penser qu' enfin … Et puis, et surtout, L'atlantide au beau milieu du Sahara, non, vraiment non…Et tant de détails qui nous grimacent le plaisir.

Je ne connais pas les autres versions, mais celle là me laisse perplexe. Ce n'est ni un mauvais ni un bon film. C'est à la fois une maestria et un flop. Il y a des moments de fulgurance et des regrets terribles devant la "facilité" employée, déployée pour une histoire aussi belle. C'est un film que l'on peut qualifier de gênant : On ne sait qu'en penser. Nous sommes dans la légende, bien sûr, mais le vent de la légende réclame parfois un regard plus strict dans l'ensemble. Pourtant, la magie est présente. Voyez les yeux de Brigitte Helm… Mais seule ou presque, l'ancienneté de cette œuvre, avec toutes les qualités que le temps lui donne (les prémices du cinéma parlant, l'application minutieuse d'un metteur en scène qui restera dans les annales, le magnifique noir et blanc qui avait tant de beaux jours devant lui) et le sujet fantôme que l'on aborde confère à cette œuvre un certain respect pour tous les amoureux de bon cinéma. Mais le cahier des charges de L'atlantide, cette légende magnifique au même titre que le Voyage au centre de la terre ou Le voyage fantastique demanderait tellement de pages, serait tellement lourd, que le risque de le voir s'engloutir à son tour deviendrait triste réalité.

Alors, même si le grandiose et l'à peu près ne font pas bon ménage, contentons nous de ces versions offertes au fil du temps..


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De dumbledore, le 10 mai 2004 à 23:40
Note du film : 3/6

Quand en 1931, Pabst accepte de réaliser l'Atlantide, il quitte un cinéma à tendance sociale comme La tragédie de la mine qui rapportait, l'année précédente, la solidarité de mineurs français et allemands suite à une catastrophe minière allemande. Finies les visions de "l'inanité des frontières", et des films qui "exaltent le rapprochement du peuple allemand et le peuple français" (formules de Pabst lui-même). Pabst revient vers un genre cinématographique dans lequel il est plus à l'aise : l'aventure romanesque, avec comme personnage central une femme et comme "habillage", le romantico-poétisme.

l'Atlantide est d'abord un grand succès littéraire de Pierre Benoit, grand auteur oublié de l'entre deux guerre. Benoit y exalte ce qu'on y exaltait à l'époque : le patriotisme français, l'armée glorieuse et conquérante, en un mot, l'Empire français, en basant son récit dans les colonies françaises, avec des militaires comme héros, le tout saupoudré de fantastique et de dépaysement. l'Atlantide est le parfait exemple de ce genre de récits qui fleurissaient : deux amis militaires qui se retrouvent prisonniers de l'Atlantide en plein désert (sic), pays? ville? espace perdue en tout cas et dont le dirigeant est une femme, une reine, Antinéa. Séparés l'un de l'autre, il s'interrogent sur la survie de l'autre et tous deux sont en rapport avec la reine. L'un en tombe follement amoureux et l'autre la méprise. Elle de son côté, tombée amoureuse de l'un des deux, évidemment celui qui la méprise. Évidemment, telle Phèdre, elle poussera celui qui l'aime à tuer l'autre.

Le roman avait déjà connu une adaptation et un triomphe sous la caméra du jeune Jacques Feyder. La barre était donc haute et pour la franchir, Pabst a à sa disposition le son nouvelle arrivé en France et un gros budget. S'il maîtrise bien le second avec un joli effort de décors et de lumière, le son est un peu une entrave. On sent trop la mise en scène du muet et plusieurs passages sont joués et réalisés à la mode du muet (comme la scène du flash back notamment, dans la loge de celle qui deviendra Antinéa).

La narration de la parole est particulièrement lourde dans le début du film. Lourd de commencer par la voix narrative d'un type devant un micro, repris ensuite par un autre discours du héros cette fois qui va amener le flash back. Ça parle, ça parle, ça parle et ça expose longtemps, trop longtemps. Il faut aujourd'hui bien de la patience pour entrer dans le film. Il faut attendre l'arrivée d'Antinéa (très tardivement) pour pouvoir retrouver le grand Pabst si fort pour instituer une atmosphère érotique troublante.

Finalement, on retrouvera peu de bonnes scènes dans ce film, et il faut reconnaître que le film – malgré le succès de l'époque – est bien dépassé. Loin d'être le meilleur de Pabst surtout qu'à la même époque son compatriote Fritz Lang réalisait son M le maudit


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