Seulement au résultat, la sauce ne prend pas. Le film commence très bien, décrivant un personnage terrible, frôlant l'antipathie. Peter est un égoïste, mal dans sa peau, un gamin qui n'a pas grandi. Quand son fils lui raye sa voiture toute nouvellement achetée, il se précipite dans la chambre de celui-ci pour lui casser tous ses jouets.
Dès que la gloire arrivera également, il n'hésitera pas à balancer sa femme (superbe Emily Watson) sans hésitation ni remords, continuant à lui parler comme à un ami, de tous ses problèmes sexuels et de gloire.
Les auteurs tentent même un recours à la fois osé et qui fonctionne parfaitement. Après une scène dans laquelle Peter Sellers s'est montré particulièrement injuste voire abjecte, on le retrouve lui (Peter Sellers alias Geoffrey Rush) jouant le rôle de la personne qu'il a maltraité. Peter Sellers se retourne vers la caméra, se défend et se faisant, re-interprète ainsi – à son avantage évidemment – la scène qu'il vient de vivre. Brillante idée.
Mais, plus le film avance, plus il se noie.
L'impression est qu'encore une fois, Peter Sellers a écrasé ceux qui l'entourent. Geoffrey Rush essaye tant de ressembler dans la gestuelle dans le physique au comédien qu'il semble en oublier de jouer un rôle, de développer de l'émotion ou de la complexité. Le personnage est du coup totalement incompréhensible et on le suit d'une manière très distante, sans affect, sans intérêt au fond.La faute n'en revient pas seulement à Geoffrey Rush, mais bel et bien à l'écriture et à la vision des auteurs sur le personnage. Au sans qu'au fond, ils ne l'aiment pas, ne le comprennent pas non plus et toute la fin du film passe à côté de ce qui aurait pu être le moment fort de ce récit. La gestion du chef d'oeuvre de Peter Sellers, à savoir Bienvenue Mister Chance est bâclée et la fin du film est d'un rare affligeant.
Les personnages secondaires sont aussi mal traité. C'est le cas de Blake Edwards montré comme un réalisateur sans talent ni intérêt (ce qu'il n'était pas). C'est le cas de Stanley Kubrick montré dans la caricature. Quant aux grands oeuvres de Peter Sellers, on ne verra aucune référence à The Party ou bien à Lolita. A en croire le film, Peter Sellers n'a fait que La panthère rose.
Les biopics sont à la mode et sans atteindre l'universalité de "Ray", ce téléfilm HBO trace un portrait assez terrible de Peter Sellers et aussi, des comédiens en général. Ego malade, personnalité démultipliée jusqu'à l'éparpillement complet, égotisme, cruauté, l'acteur anglais n'est pas épargné et Geoffrey Rush l'incarne sans complaisance aucune et avec une ressemblance physique inouïe. Dommage que la relation avec Kubrick et surtout Blake Edwards soit si rapidement survolée, car c'est ce qu'il y a de plus intéressant dans le film. Le discours de Sellers sur la médiocrité de Edwards, devant un parterre de professionnels, est saisissant. Emily Watson en épouse stoïque et Charlize Theron en starlette idiote, ne font que passer mais avec grâce. Stephen Hopkins est un bon réalisateur et sa vision des flash-back (déjà intrigante dans "Under suspicion") apporte beaucoup au récit. S'il laisse sur un malaise et une sorte de manque, "Moi, Peter Sellers" contient tout de même des moments forts et des bribes d'explication sur la personnalité (ou le manque de) de cet homme infiniment malheureux, assez détestable, qui finit heureusement sa carrière sur un film ("Being there") qui le résume et l'explique en partie.
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