effectivement, une oeuvre fortement dérangeante et destabilisante, superbement servie par deux acteurs subtils. Craig sait donc apparement tout faire!!

Drame naturaliste typiquement anglais, The mother est un beau film digne et sobre, d'une rare finesse, d'une sensualité discrète. Si le scénario est âpre, d'un réalisme total, sans la moindre sentimentalité, le traitement de Roger Michell est délicat, n'excluant pas des parti-pris visuels toujours originaux, des cadrages osés. C'est dans la direction d'acteurs que le réalisateur s'affirme le plus : loin des numéros de cabotinage consensuels d'une Brenda Blethyn, coutumière de ce genre de rôles, Ann Reid est extraordinaire en veuve au seuil de la vieillesse ("Je ne pensais pas que quelqu'un me toucherait encore, à part le croque-mort"), affichant encore des vestiges de séduction. Elle porte le film sur les épaules, aidée par l'excellent Craig, dans un rôle d'ouvrier-gigolo paumé et attachant. Autour d'eux des personnages égoïstes, geignards, souvent odieux. The mother n'évite aucune situation difficile (la scène où May couche avec un homme de son âge est un tue-l'amour terrifiant !), distille un humour subtil (lorsque les enfants découvrent les croquis pornographiques de leur mère) et une détresse fondamentale. C'est en fait typiquement le genre de film "d'auteur" que le cinéma français devrait réussir, et qu'il rate systématiquement.