C'est ce que l'on appelle une demie réussite. Les images sont magnifiques, les enjeux prometteurs, l'odyssée affriolante, la reconstitution de l'Espagne de 1492 excellente. Mais c'est aussi souvent lent, on sent bien que Ridley Scott veut faire un grand film, il faut à tout prix que le film dépasse les deux heures et demie, alors Ridley Scott fait tout pour gagner du temps ; des ralentis souvent inutiles, des scènes sans utilités rallongés de plusieurs minutes, des bavardages stériles et agaçant et surtout le long voyage en bateau ou l'on s'ennuie ferme.
Mais l'imagerie historique finit par prendre le dessus. L'arrivé de Colomb en Amérique est magnifique.
1492, Christophe Colomb n'est pas une reconstitution lyrique aseptisé ; les scènes de barbaries souvent sanglantes : Depardieu qui massacre un indien, ou dans l'inquisition espagnole des femmes brulées, sur la place publique, les atrocités de certains occidentaux sur la population indienne, attestent aux spectateurs que Ridley Scott n'est pas un "révisionniste".
La célèbre musique de Vangelis la quête du paradis (ou de l'enfer ?) baigne le film dans ce qu'il aurait due être et de la vraie force qu'il aurait pue avoir.
Quand à Depardieu, sans être mauvais, il n'est malheureusement pas, non plus, au meilleur de sa forme ; on se souviendra certainement, beaucoup plus, de son interprétation dans Danton que de celle de Christophe Colomb et j'avoue que sa présence, continu dans tous les films historiques, réalisés depuis vingt ans, donne aux personnages qu'il incarne, la même présence et la même intensité. Il est quand même gênant, que l'on en arrive à comparer Monsieur Danton à Monsieur Colomb, à cause de Gégé.
Difficile, reconnaissons-le, de passer derrière Aguirre et Mission. Encore plus difficile quand on n'a qu'un scénario scolaire et laborieux, qui retrace un digest de la vie de l'explorateur, et qu'une coproduction multinationale ôte tout espoir de crédibilité aux personnages. Le pire étant, bien sûr "Gégé" Depardieu, hirsute, l'air constamment hébété, balbutiant un Anglais à la Maurice Chevalier (normal, pour un Italien exilé en Espagne !), apparemment incapable de donner la moindre épaisseur humaine à Colomb. Il n'est que de comparer sa composition digne d'un téléfilm de Dayan, à celles des formidables Assante et surtout Michael Wincott, fascinant en noble cruel et plein de morgue. La scène où il se jette dans le vide, donne une idée de ce que 1492 aurait pu (dû) être.
1492 n'accroche jamais, sombre souvent dans le ridicule qui tue (les ralentis, la séquence de la tempête "divine"), et n'est que plus déroutant, parce qu'il porte la signature de Ridley Scott. Avant le massacre de Une grande année, ce film semble démontrer que le cinéaste devrait éviter les films français !
Alors, oui… Les images sont lêchées, la BO de Vangelis connaît de belles envolées, mais rien n'y fait : on n'entre jamais dans le film. Avec un centième des moyens de 1492, Werner Herzog avait su faire souffler le vent de l'épopée dérisoire dans Aguirre. Scott n'a fait qu'une longue pub assommante de 2 H 30. Si on aime vraiment ce réalisateur et Sigourney Weaver, mieux vaut revoir Alien.
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