Par la grâce d’un dvd romain en VO sous-titré italien (pour quand un dvd français ?), j’ai eu le plaisir de revoir l’autre jour ce Beau Brummel de Curtis Bernhardt, dont je n’avais conservé qu’un souvenir lointain.

L’histoire véridique de ce dandy anglais renommé pour ses extravagances et ses bons mots, devenu l’ami du prince de Galles et inspirateur des modes de son temps, son ascension puis sa déchéance, ont tout pour séduire le cinéma. On nous sert ici une évocation évidemment romancée de sa vie, avec simplifications et raccourcis. Evocation finalement un peu trop sage, qui aurait pu nous proposer des épisodes autrement plus sulfureux, et dont la réalisation ne brille pas par son originalité.

Les costumes et les décors ne manquent pas de charme, mais si on se prend au jeu, c’est surtout grâce aux acteurs de cet âge d’or hollywoodien : Stewart Granger personnifie le rôle-titre par son aisance élégante et son côté gentilhomme canaille (sa carrure et ses origines anglaises le destinent évidemment à de telles prestations). Elizabeth Taylor, qui porte admirablement la perruque poudrée, rayonne de la beauté transcendante de ses vingt-deux ans… Peter Ustinov cabotine à son habitude et Robert Morley sait incarner la démence du « roi fou ». On croise au passage quelques figures de l’époque, tel Lord Byron.

Le dandy s’en sera moyennement tiré comme conseiller politique auprès du timoré prince de Galles mais aura marqué son époque par sa liberté et ses audaces vestimentaires, qui auront fait évoluer la mode européenne. Ca n’est déjà pas si mal. Stewart Granger est au mieux de sa période hollywoodienne. On est loin du chef d’œuvre mais on aimerait pouvoir compter ce film dans sa collection entre Scaramouche, Le prisonnier de Zenda et Les contrebandiers de Moonfleet. Editer au passage La reine vierge, La perle noire et Sodome et Gomorrhe ne serait pas un mal non plus…