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Une oeuvre majeure de Naruse


De vincentp, le 26 mars 2020 à 09:50
Note du film : Chef-d'Oeuvre


L'envergure de l'oeuvre des trois maîtres du cinéma japonais (Ozu,Mizoguchi,Kurosawa) a contribué à éclipser quelque peu en France l'oeuvre de Mikio Naruse (1905-1969), constituée de 89 films, sur un demi-siècle. Midareru (1964), tourné en noir et blanc, et produit par la Toho est une oeuvre majeure de fin de carrière de Naruse. L'histoire raconte les effets liés à la création d'un supermarché dans une bourgade située à proximité de Tokyo, sur la société locale et les individus qui la composent. Le scénario est co-écrit par Naruse et Zenzo Matsuyama (époux de l'actrice Hideko Takamine et notamment scénariste de la trilogie La condition de l'homme de Masaki Kobayashi). Ce scénario met l'accent sur les tourments sentimentaux qui lient les deux personnages principaux incarnés par Takamine et Yuzo Kayama. On passe progressivement d'une chronique sociale à un mélodrame soutenu, pour aboutir à un drame sombre et funeste.

Midareru repose sur une écriture cinématographique particulièrement aboutie, basée sur des plans variés et judicieux. On retrouve les caractéristiques de forme mises en oeuvre dans le cinéma japonais classique, notamment des représentations de personnages étagés dans des pièces intérieures ayant une forme de losange. La mise en scène de Naruse est discrète, juste, laisse respirer comme il le faut les personnages et leurs émotions, sans emphase ni exagération, et utilise à la perfection la technique bien connue de pics émotionnels réguliers. L'interprétation est de qualité exceptionnelle, pour l'ensemble des acteurs y compris secondaires. Les prises de vue de Jun Yasumoto, technicien alors très expérimenté, sont magnifiques en intérieur et extérieur et peuvent être cités comme des sources de référence. La musique de Ichiro Saito module à la perfection les inflexions du récit, et contribue à placer cette oeuvre parmi les plus belles réussites du cinéma japonais.


The scope of the work of the three masters of Japanese cinema (Ozu, Mizoguchi, Kurosawa) helped to eclipse somewhat in France the work of Mikio Naruse (1905-1969), consisting of 89 films, over half a century. Midareru (1964), shot in black and white, and produced by Toho is a major work of Naruse's late career. The story tells the effects of setting up a supermarket in a village near Tokyo on local society and the individuals who make it up. The screenplay is co-written by Naruse and Zenzo Matsuyama (husband of actress Hideko Takamine and notably screenwriter of the trilogy 'The Condition of the Man' by Masaki Kobayashi). This scenario focuses on the sentimental torments that bind the two main characters embodied by Takamine and Yuzo Kayama. We gradually move from a social chronicle to a sustained melodrama, culminating in a dark and fatal drama.

Midareru is based on a particularly accomplished cinematic writing, based on varied and judicious plans. The form characteristics used in classical Japanese cinema can be found, including representations of characters in interior pieces with a diamond shape. Naruse's staging is discreet, fair, lets the characters and their emotions breathe properly, without emphasis or exaggeration, and uses to perfection the well-known technique of regular emotional peaks. The interpretation is of exceptional quality, for all actors including secondary. The shots of Yun Yasumoto, a very experienced technician at the time, are beautiful indoors and outdoors and can be cited as sources of reference. The music of Ichiro Saito perfectly modulates the inflections of the narrative, and helps to place this work among the greatest achievements of Japanese cinema.


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