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De DelaNuit, le 20 juin 2017 à 13:52
Note du film : 5/6

Enfin il m’a été donné de voir la version « Director’s cut » de Legend. Je reviens donc sur cette fiche et en profite pour hausser ma note de 4 à 5. Il est fréquent que les « director’s cut » des films de Ridley Scott offrent des versions plus subtiles et abouties, et cela se vérifie ici.

La trame de l’histoire demeure la même mais la fin diffère, les scènes sont un peu plus longues, et quelques dialogues s’ajoutent de ci de là, permettant un approfondissement de la matière et des personnages.

Ainsi l’héroïne – la jolie princesse Lili (Mia Sara) a priori pure comme le lys dont elle porte le nom – apparaît dès le départ non seulement capable de coups de tête et farces moqueuses, mais aussi d’ironie et de mensonge… Rien de grave mais suffisamment capricieuse et désinvolte (en un mot immature) pour rendre plus crédible sa démarche de vouloir toucher un animal sacré malgré l’interdiction. De plus, elle a dès le début dans la cabane du bûcheron la vision fugace de l’horloge figée sur le squelette de l’hiver, ce qui annonce les événements à venir.

Ses échanges avec le jeune homme de la forêt Jack (Tom Cruise) durent plus longtemps, ce qui permet d’installer entre eux une relation en demi-teinte de deux personnes timides qui se cherchent sans être tout à fait sûres de vouloir se trouver (impression confirmée par la fin différente de la version de 1985.)

La scène de rencontre avec les licornes est aussi plus longue et plus complexe : lorsque la princesse s’approche de l’étalon, celui-ci ne succombe pas immédiatement à son charme mais commence par la charger et lui faire peur. Ce n’est que dans un second temps que le chant de la belle suscite son attention et exerce sur l’animal sacré le charme qui le conduira à sa perte.

On sent à travers tous ces détails – que je ne vais pas passer en revue complètement pour ne pas tout déflorer – le souci de proposer un conte moins manichéen et plus subtil que celui dont la version de 1985 nous a laissé le souvenir.

Ce sentiment culmine lors des scènes finales, qui jusqu’ici m’avaient toujours semblé trop simples, stéréotypées, manquant de quelque chose. Ici le manque est enfin comblé car lors de la défaite du prince des ténèbres, celui-ci a le temps d’exprimer avant de disparaître :

« Que serait la lumière sans l’obscurité ? Que seriez-vous sans moi ? Nous sommes frères, je fais partie de vous… » Paroles lourdes de sens sur le nécessaire équilibre des contraires, plus proche de la logique des spiritualités multiples du paganisme ou des philosophies orientales (yin et yang) que du dualisme judéo-chrétien, et rappelant la citation de l’affiche originale : « No light without shadow, no love without hate, I am Darkness. »

Quant au gentil « happy-end » qui montrait les deux jeunes gens quitter la forêt ensemble dans une logique très « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », il est ici battu en brèche par une fin plus ouverte : la princesse une fois réveillée par Jack, croit avoir rêvé et repart seule en lui promettant de revenir alors qu’il la regarde s’éloigner depuis la hauteur de son rocher. Puis c’est de nouveau seul qu’on le voit partir vers le soleil (levant ou couchant ?) et faire signe aux elfes, fées et licornes qui demeurent dans la forêt. Ces deux-là vont ils se retrouver ou poursuivre leur chemin chacun de leur côté ? Comme l’avait prévenu Darkness : « Les beaux rêves d’enfance sont les regrets de la maturité… »

Il est vraiment dommage que cette version plus subtile et aboutie (qui permet aussi de retrouver dans son intégralité le score magnifique de Jerry Goldsmith, régulièrement amputé dans la version de 1985 en raison des coupes dans les scènes) ne soit pas la plus répandue, et indisponible en dvd en France ! Il existe bien un double dvd collector en zone 1 contenant la version cinéma américaine (sur la musique de Tangerine Dream) et il me semble que le Blue-Ray contient cette version Director’s cut. Quelqu’un peut-il me le confirmer ?

A l’heure où la suite de Blade Runner s’annonce en salles et où les cinéphiles s’émerveillent de trouver des liens entre le rêve de licorne d’Harrison Ford et l’histoire de Legend, allant jusqu’à prétendre que le second pourrait s’insérer dans le premier, il est temps de revisiter cet univers féérique avec un nouveau regard, et de se mettre en quête de la bonne version… moderne Graal…


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De Gaulhenrix, le 17 mai 2007 à 12:49
Note du film : 5/6

Ah, oui ! DelaNuit, je signe des deux mains votre analyse, et, pour ma part, je hisse la note jusqu'à 5 !


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