Partout, on peut lire qu'il s'agit là d'un excellent film, fort bien réalisé et joué. C'est assez vrai. Malheureusement, presque vingt ans après la parution de l'ouvrage de William Reymond, sur lequel se fonde ce téléfilm, on sait aujourd'hui que le mystère planant autour de l'assassinat de la famille Drummond ne trouve pas son explication dans l'aveu de l'allemand, Bartowski, qui aurait été le chauffeur d'un commando venu d'Allemagne et de Suisse pour exécécuter Jack Drummond. Il s'agissait d'un affabulateur. Le récent livre de Jean-louis Vincent, AFFAIRE DOMINICI CONTRE ENQUÊTE épluche avec rigueur les dossiers de la police, de la gendarmerie, de l'instruction et montre du doigt bien des détails mettant à mal la théorie de l'espionnage ou de l'assassinat programmé. Par contre, on ne peut qu'être sidéré par les insondables variations des déclarations des membres de la famille. Quelqu'un à la grand terre est plus ou moins au coeur du drame… Meurtrier(s ?). On ne saurait être affirmatif, mais beaucoup avaient peur et cachaient quelque chose. Insondable encore, labyrinthique esprit humain.
Pour en revenir au film, son principal défaut, donc, est justement d'appuyer à fond cette théorie, de la cristalliser par la reconstitution des meurtres par le commando. Le spectateur lambda a du mal, après cela à imaginer que Gaston Dominici puisse être, parmi d'autres, coupable. Pourtant ?
Autre défaut majeur, entorse terrible à ce qui nous reste de la vérité des faits, les lieux de tournage choisis : rien ne correspond à la topographie des réels lieux des crimes, pourtant très caractéristiques : une route nationale au bord de laquelle se trouve la ferme des Dominici. A 165 mètres de là, vers le nord, sur la nationale débouche un chemin venant d'un pont, lequel enjambe, en contrebas la voie de chemin de fer Sisteron-Marseille. Au delà du pont, un talus vers la large durance, aujourd'hui en partie couverte par une autoroute.
Voir illustrations suivantes : http://affairedominici.free.fr/affairedominici1/lieux2
Dans le film de Boutron, paraît-il tourné dans la région, on cherche en vain la Durance près de la ferme. La route a peu les allures d'une départementale, même en 1952. Cette route est bordée par la voie de chemin de fer, au même niveau, et passe sous le même pont. La Hillman, stationnée à quelques mètres d'une voie ferrée tenant plus de la voie métrique qu'autre chose, se trouve également à quelques mètres du pont sous lequel la route passe.
Bref, je me demande réellement comment de tels lieux ont pu être validés, notamment par William Reymond, présent sur le tournage et suffisamment connaisseur de l'affaire. La configuration des lieux ont une importance capitale pour comprendre les tenants et aboutissants de l'affaire. Là c'est vraiment délicat.
Le film avec jean gabin respectait cette configuration. Il plaidait manifestement pour l'innocence de Gaston, c'est du moins ce que Gabin avait fini par penser, mais il avait surtout la qualité de ne pas trop s'avancer dans aucune voie. Ilmettait en scène ce qui était le plus palpable à l'époque : la lourdeur de l'atmosphère, l'ambiguité extrème des personnages, des incroyables personnages de la famille Dominici. On comprend la fascination qu'à pu exercer cette énigme.
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