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Critique


De dumbledore, le 21 octobre 2004 à 12:06
Note du film : 5/6

Au départ, un sujet difficile et cliché : une jeune femme découvre qu'elle n'a plus que trois mois à vivre. Elle doit préparer sa propre mort pour ses proches, son mari, ses enfants, sa mère. Mais cette échéance lui permet aussi de remettre sa vie en question, tenter des expériences qu'elle n'aurait jamais tenté autrement.

Sur le même sujet, on avait eu droit notamment au très hollywoodien My Life avec dans le rôle du mourant Michael Keaton et dans le rôle de la femme qui ignore tout de cette maladie : Nicole Kidman, enceinte par ailleurs, question de dramatiser encore plus l'échéance de la mort : le père verra-t-il la naissance de son fils. Plusieurs scènes sont en commun entre les deux films : le recours à des messages (vidéo dans My Life, audio dans Ma vie sans moi), l'idée de cacher aux proches cette mort à venir, etc.

Toutefois, la comparaison entre les deux films vaut surtout dans le fait que celui de Isabel Coixet réussit là où échoue le film de Bruce Joel Rubin échoue. Ma vie sans moi réussit à ne jamais être un film pathétique, ni un film consensuel. Toute la partie "je révolutionne ma vie" est absente de My Life, alors qu'elle est la plus intéressante, car la plus logique mais surtout la plus troublante. Ma vie sans moi va jusqu'au bout de son propos : Ann va essayer effectivement de nouvelles expériences, comme par exemple, prendre un amant, Lee, alors qu'elle est parfaitement heureuse dans son foyer, amoureuse de son mari, Don, avec qui elle a une relation idyllique. Alors qu'elle avait une belle relation avec son mari, on la verra en avoir une différente mais toute aussi belle avec son amant. Amant et mari ne se croiseront jamais, mais aucun des deux ne pourra oublier cette femme qui donna finalement sens à leur vie.

Les personnages constituent la force évidente du film. Aucun n'est cliché, aucun n'est "méchant", tous ont leurs facettes, leurs problèmes, leurs contradictions mais tous ont surtout de la bonté. Isabel Coixet choisit de mettre en avant cette bonté des personnages, de mettre l'éclairage dessus et du coup le film respire l'amour de la réalisatrice pour ces personnages. Impossible par exemple de dire vers qui va sa préférence entre l'amant ou le mari…

Ces personnages formidablement construits sont aidés par des dialogues et des détails qui sonnent toujours justes. Que ce soit le médecin qui souffre de cette incapacité de regarder en face une personne à qui il doit annoncer la mort prochaine, que le jeu de la barque dans le lit (qui vient du livre qui porte le même titre) ou bien encore l'anecdote comme quoi la plus petite de ses filles pleura pour son premier anniversaire car elle n'aimait pas les chansons. On sent à chaque fois que ces anecdotes, ces détails ont eut leur réalité et qu'on les retrouve, ici, confiés à des personnages de fictions.

Et puis, au-delà des personnages, il y a les comédiens. Ils sont tout simplement parfaits. Sarah Polley prouvera à ceux qui n'ont pas suivi sa carrière qu'elle est une des comédiennes les plus intéressantes du moment. Elle a un visage incroyablement changeant, expressif. Elle passe d'une émotion à une autre avec une aisance formidable. Le rôle est évidemment magnifique et elle le sert merveilleusement bien. On a ensuite Mark Ruffalo que l'on a pu apprécié dans In The Cut et Collateral. On le retrouve ici dans un rôle plus retiré, plus timide. Avec peu de marge de manoeuvre, il réussit à construire un personnage riche et touchant. Et puis il y a tous les autres, le mari, la mère, et même le père emprisonné.

La mise en scène de Isabel Coixet est étonnante. D'un côté, elle recourt à plusieurs effets qui ne fonctionnent pas (par exemple la nurse aux lunettes qui se revoit en un flash enfant devant la sortie de l'école), mais de l'autre, plusieurs de ses effets fonctionnent. Etonnament bien d'ailleurs. On a l'impression de voir un réalisateur qui essaye des choses, qui expérimente. Cela donne le meilleur et le moins bon. Les cadres sont particulièrement intéressant avec des compositions quelques fois atypiques, cadrant avec beaucoup d'air, un peu désaxés, mais créant finalement une gestion de l'espace original et faisant sens. Quant au montage, il a su trouver le bon rythme, à la fois prenant son temps sur les personnages et à la fois tout le temps soumis à l'émotion qu'il créé.

Le film offre également une fin étonnante. Non pas qu'il y ait des retournements de situation, un happy end ou autre. Seulement, on s'attend tellement à voir la mort de la jeune femme que cette fin en ellipse et en flash back est une pure merveille.


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