Tout ce petit monde aigri ayant condamné la société souffre du même mal, Le manque d'affection, l'approche du monde est sévère, pas d'attaches, se servir goulûment de chaque opportunité, le bonheur n'est pas personnel, il est massif et n'est visible que par les comportements de ces grappes humaines déambulant sur le boulevard du crime, la masse incrémente la joie, l'individualité des esprits est torturé par le besoin de détruire constamment cette force compacte soudée par le plaisir de la rue.

C'est tout..

Même si je n'ai pas la prétention d'être un fin sociologue, je préfère de loin ma "sociologie à deux balles" que vos raccourcis bileux de débile profond qui ne sait pas de quoi il parle.

Je ne suis pas d'accord pour dire que les (?) millions de Français qui sont allés voir les Ch'tis sont tous des gros cons. Je me suis plutot poilé devant cette gentille comédie. C'est son succès démesuré qui m'énerve un peu.

Quand à ma comparaison entre le patois ch'ti et le langage des jeunes des cités, c'est juste pour mettre en valeur que certains langages sont plus appréciés que d'autres par le français moyen et qu'un langage à connotation étrangère, en particulier arabisante, à tendance à en agacer beaucoup alors qu'un patois traditionnel régional bien de chez nous provoque la pâmoison générale.

Cette reflexion n'est evidemment pas directement reliée au film "La Haine", c'est une déduction d'ordre général qui m'a frappé car je l'ai vécu à plusieurs reprises et pas plus loin que dans ma famille.

La Haine est un film magnifique. En 1995, le réalisateur dirigait un film qui 13 ans plus tard allais toujours être d'accualité. La Haine est partout. Ce film m'a fait penser à American History X. Vincent Cassel est un acteur exellent… Maintenant je suis entièrement d'accord. Cette manie de tout mettre sur le dos des flics est incontestablement vulagaire, mais allégée par le rôle de Hubert qui raisonne Vinz.

C'est l'histoire d'une société qui tombe et au fur et à mesure de sa chute, elle se répète sans cesse pour se rassurer: "Jusqu'ici tout va bien…Jusqu'ici tout va bien… Jusqu'ici tout va bien…". Le plus important, c'est pas la chute. C'est l'atterissage.

UN FILM A VOIR, A REVOIR…

La particularité de La Haine réside dans la difficulté d'en parler d'une manière critique sans tomber dans la polémique. Répondre à la simple question de savoir si c'est un bon film n'est même pas simple. Il semblerait que le film soit encore trop chaud pour le faire.

D'un côté, il y a trois comédiens formidables dans leurs personnages, qui réussissent d'une manière impressionnante à acquérir notre sympathie, même si dans leur violence et leurs fourvoiements, nous pouvons ne pas être d'accord avec eux. Mais d'un autre côté, il y a des moments de "réflexions sociales" qui se veulent profondes mais qui frôlent la bêtise, ou du moins le simplisme. Il y a aussi ce manichéisme agaçant qui veut que les policiers aient tous les torts, et que les types de la cité n'en ait aucun. Le tout donne quelque chose comme un film roublard: une bonne analyse de ce qui est chaud dans la société des années 90 et la production d'un film qui va dans le sens du poil: les cités ont raison, les flics sont des salopards, et finalement, la violence est la seule issue. Ce qui est terrible, c'est que dans cette roublardise là, Kassovitz s'apparente à Besson quand il fait Taxi… Peut-être que finalement le film n'est qu'un film bourgeois sur un sujet chaud qu'il ne maîtrise pas. Et peut-être que pour s'en convaincre, il faudrait revoir Menace II Society ou Boyz N the Hood…

Quant à la mise en scène, il faut dire qu'elle est dans le fond inégale. Certaines idées, certains plans sont magnifiques (je pense au travelling circulaire dans le commissariat), mais globalement, on n'évolue pas dans la finesse, que ce soit le tic-tac sur les indications d'heures au mixage du son très grossier. Certes c'est beau, c'est bien fichu, mais est-ce que la beauté doit être une fin en soit? Ou ne doit-elle pas en rapport tout de même avec ce qui est filmé, à la réalité? Et faire sens?