Le film possède tout ce qu’on peut rêver de trouver dans un film et qu’on ne voit que dans les véritables bijoux du 7eme art, à savoir une richesse cinématographique, une richesse intellectuelle sur les sens du film et une richesse affective.
Le film dure trois heures, passe comme une heure et constitue un des beaux films musicaux qu’a connu Hollywood, un des plus grands films tout court de l’histoire du cinéma. « Film musical » et non pas « comédie musicale », parce que ce n’est pas une comédie, ou du moins pas seulement une, et les passages musicaux ne sont pas des « intermèdes » à une histoire qui peut évoluer sans eux. (Amusez vous à retirer, de n’importe quelle classique « comédie musicale », les morceaux musicaux et vous comprendrez tout autant l’histoire, le rapport des personnages et même l’affectif de l’histoire). Ici, les passages musicaux – finalement peu nombreux – sont des moments clés des personnages ou des situations de l’intrigue.
Il faut rajouter également que le scénario est tout à la fois pur dans sa simplicité – un Père a 5 filles et fait face à 3 mariages qui vont ébranler ce qu’il prônait à la première scène du film : la tradition. Sur ce canevas, on imagine une exposition, une résolution et 3 actions tournantes autour de chaque mariage, 5 actes en sommes, rien de plus classique.
C’est le cas. Seulement, ce classicisme est comme transpercé de part en part par un autre axe dramatique (déclinant la même thématique de la « tradition ») : le village est condamné à la mutation car l’Etat qui domine le pays dans lequel se trouve notre village juif vire à l’extrémisme et veut annihiler cette présence Juive accusée d’être responsable de tous les maux du pays. A cette définition, on pourrait se croire en Allemagne dès le milieu et fin des années 30. Non, nous sommes en 1916 (ou autour) en Russie. Les similitudes sont terribles et rappels qu’avant les Camps, il y avait les Polgroms. Dans cette Russie tsariste et décadence, un espoir : l’évolution. L’anti-« tradition ». Autrement dit, le Communisme.
Oui, le Communisme est l’espoir du film face à l’Etat intolérant. Nous sommes en 1972, en plein traumatisme du Viet-Nam et encore dans la guerre froide. Le film est un gros film américain, issu d’un grand succès de Broadway. Certes le communisme ne portera pas les fruits attendus, mais lier le communisme à l’espoir est chose suffisamment étonnante aux Etats-Unis pour être relevé.
Chaque détail du film est tellement fort qu’on pourrait passer des heures et des pages à parler de ce film. On s’arrêtera toutefois sur Topol. Il est tout bonnement sidérant. C’est un roc, une force de la nature, une sorte de Depardieu. Seulement, il possède une expressivité du visage, une humanité, une générosité telles que même dans les plus mauvaises décisions de son personnage on ne peut que l’aimer. Et puis, dès qu’il se met à bouger, de geste de rage ou bien de danse, il devient une ballerine. Depardieu-ballerine en somme…
Pour finir, il y a la musique superbe, le fameux « If I Was a Rich man », les dialogues d’une finesse et d’une impertinence tellement juives, la beauté de la lumière, l’humanité de tous les personnages, de la femme de Topol en passant par le personnage du boucher, etc, etc…
Film sans défaut.
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