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De urspoller, le 1er octobre 2007 à 19:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je m'inscris en faux par rapport à l'analyse de Cormega et PM Jarriq sur le jeu de la merveilleuse Ingrid Bergman (je prie Sépia de ne pas lire ces quelques lignes !). Comment peut-on la trouver insupportable ??? Elle incarne ici un de ces fameux rôles de femmes perdues, fragiles et frustrées qui se résigne à son cruel destin car ses efforts, pour prouver à Cary Grant la sincérité et la profondeur de son amour, restent vains. Cette prestation à la fois romantique, sensible, sobre et désabusée montre encore une fois, s'il en était besoin, l'étendue du talent de cette déesse scandinave. D'ailleurs, ce rôle rappelle celui qu'elle tenait dans Hantise du subtil George Cukor.

Pour en revenir au film en lui-même, Alfred Hitchcock fait montre, ici de tout son génie créatif et réussi de facto à transformer une banale histoire d'espionnage, saupoudrée d'un zest de romance, pour en faire un métrage captivant, personnel et original. Le cinéaste d'origine anglaise signe une oeuvre épurée, passionnante tant au niveau de l'approfondissement des personnages qu'au niveau de la densité narrative et du suspense sous-tendu par la tension dramatique où s'entrecroise le destin des différents protagonistes. Hitchcock donne donc libre cours à sa virtuosité à la fois sur la construction du suspense et bien sûr via une technique sans faille à la fois simple (plans fixes) et à la fois sophistiquée alternant plans longs et de plans-séquences se développant au plus près des acteurs. Le travelling partant du haut de l'escalier et aboutissant sur la clé qu'Alicia (Ingrid Bergman) serre dans sa main est resté gravé dans les esprits, ainsi que le couple Cary Grant/Ingrid Bergman.

Les scènes s'écoulent les unes après les autres avec une fluidité sans égal et la tension dramatique reste au diapason de l'ensemble.


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De vincentp, le 24 mars 2006 à 22:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je ne partage pas votre point de vue !

Ingrid Bergman est tout simplement extraordinaire dans un rôle très ambigu, interprétant à la perfection un personnage à la fois très attirant et en même temps qui possède des zones d'ombre (son penchant pour la boisson, son comportement à la limite du supportable concernant le faux méchant Claude Rains, ses gênes criminels).

La quasi-totalité des scènes de ce film sont anthologiques. Citons simplement, la fête du début du film ou l'on voit des personnages de la bonne société dépravés. On peut remarquer Cary Grant de dos observant la scène, dans un rôle de voyeur. Dans ce film tout n'est pas montré, beaucoup est suggéré.

Le climat d'extrême sensualité, les travellings sophistiqués, l'éclairage particulier des personnages, des intérieurs et des objets, la qualité de l'interprétation donnent à ce film une envergure exceptionnelle. Et il y a aussi un exceptionnel sens du suspens (en particulier quand C Grant et I Bergman sont à la cave), qui fait vibrer le spectateur du début à la fin.

Sans doute l'un des plus grands films de toute l'histoire du cinéma !

Le film a été beaucoup commenté et a donné lieu à quelques très belles analyses, qu'il me semble intéressant de diffuser sur ce site grand public.

Donald Spoto, dans sa biographie de Hitchkock fait ainsi remarquer que le film aborde "le conflit opposant le plaisir de la vie-privée et le devoir de la vie publique, la passion et le faux-semblant, thèmes très hitchkokiens. Ces grandes notions sont incarnées par les personnages interprêtés par Claude Rains et Cary Grant, les deux facettes de l'homme Hitchkock. Cary Grant, individu aux émotions contenues, qui ne sourit jamais et qui reconnaît avoir peur des femmes,…, et l'amoureux transi".

Spoto met en évidence l'extrême sophisticiation de ce film : "les six premières scènes trouvent leur parfait symétrique dans les six dernières, et les actes majeurs du récit sont ponctués de trois baisers chaque fois plus graves et plus intimes. A l'intérieur même de cette structure, Hitchkock rassemble ses aspirations torturées et ses désirs conflictuels : la peur dramatique de l'amour, le besoin de se racheter, les ressentiments familiaux, les aspirations perdues, et l'espoir sincère de renouveau".

Selon le critique S Kresinski, "il s'agit du film le plus épuré et le plus abstrait d'Hitchkock. Presque tout le sens du film passe par la mise en scène, que ce soit par la lumière, avec les ombres mobiles et les distorsions d'image, par l'utilisation des objets, ou par les mouvements d'appareils".

Le mot de la fin à J Lourcelles : "le génie multiforme d'Hichkock consiste dans ce film à enchâsser, selon une formule qu'il est le seul à avoir poussée aussi loin, une histoire secrête et intime dans une aventure extérieure, palpitante et spectaculaire, qui loin de la priver de son sens, la rend au contraire plus intense, plus compréhensible à tous les publics -et donc en quelque sorte plus universelle".

Donc un film à voir et à revoir sans modération.


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