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Charme et délicatesse


De verdun, le 12 mars 2014 à 19:24
Note du film : 4/6

A la sortie j'avais bien aimé sans toutefois partager l'enthousiasme général.

A revoir, maintenant que de l'eau a coulé sous les ponts.


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De Impétueux, le 10 mars 2014 à 21:40
Note du film : 6/6

C'est vraiment un film d'une intelligence, d'une élégance, d'une subtilité magnifiques, d'une finesse rare, sans scénario, sans rebondissement, sans récit, mais qui attache dès son entame. Avec sa propre petite musique qui peut paraître étouffée, mais qui n'est en tout cas pas si simple que ça, Sofia Coppola entraîne dans une foule de perceptions subtiles…

Rencontre sans lendemain d'un homme et d'une femme sous l'empire de la pure virtualité, d'une rêverie tendre (Ce qui aurait pu se passer si Bob avait quinze ans de moins, ou Charlotte dix ans de plus, s'ils s'étaient rencontrés auparavant, si, en fait, la réalité était un tout petit peu AUTRE), regard sans racisme aucun – et évidemment sans mépris – sur l'étrangeté d'une autre civilisation, qui paraît si proche par tant de ses attributs, et qui est si lointaine par beaucoup de ses fondements, Lost in translation est le film des imperceptibles décalages, des anomalies presque invisibles, un peu, dans une certaine mesure, comme Virgin suicides.

Si loin, si proche, le Japon découvert par Scarlett Johansson et Bill Murray apparaît comme, à la fois, ressemblant parfaitement à et différant complètement de l'Occident. D'où cette impression d'étrangeté irrémédiable, accrue par d'autres barrières : la langue, qui ne ressemble à rien de ce que l'on connaît, le décalage horaire, qui fait basculer les rapports entre pays dans une étrange dimension, la nourriture, qui décontenance. Il y a la juxtaposition entre une apparence de ressemblance, avec l'équipement sophistiqué du pays et la totale singularité de la persistance d'un monde entièrement à part, perçu de façon éclatante, par exemple lorsque Charlotte va s'égarer dans le parfait jardin de Kyoto sans rien comprendre à sa symbolique. Le Japon fait semblant de ressembler à l'Occident, sans y risquer la moindre parcelle de son identité… Et dans l'hôtel Park Hyatt, semblable à tous les hôtels de luxe du monde entier de cette chaîne, c'est le même bar, le même orchestre, le même affairement des hommes d'affaires fatigués, les mêmes yeux ouverts dans l'insomnie et il n'y a pourtant rien d'identique en réalité tant on est loin. On est presque comme chez soi, et on est au bout du monde, comme Bob s'en aperçoit, s'il en était besoin, dans ses pérégrinations dans Tokyo nocturne, par exemple à l'hôpital où il est venu accompagner Charlotte et soigner son pied blessé et où il est abordé par une sorte de nain bavard.

Il ne se passe rien dans le film ; une rencontre sans avenir et sans conclusion, même si elle demeurera sûrement un souvenir vif, plus tendre que brûlant pour Bob et Charlotte. Le baiser qu'ils se donnent, à la fin est bien plus fort, bien plus durable qu'aurait été le souvenir d'une nuit passée ensemble, qui aurait chargé leur vie à la fois de remords et de regrets.

Scarlett Johansson et Bill Murray interprètent ce petit miracle de justesse et de finesse avec perfection, ressemblant l'un et l'autre à leur personnage perdu, sans grande espérance pour ce qui va arriver ensuite à chacun. Nous ne le saurons pas, ce qui est très bien. Les ruisseaux se séparent et vont vers des mers qui ne se frôleront plus. On ne peut en tout cas pas reprocher au film qu'il ne s'y passe rien… puisque c'est précisément son sujet…


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