Eh bien, tout arrive ! Pour votre nouvelle tentative nippone, Impétueux, vous pouviez difficilement mieux tomber que sur cette tragédie au traitement grandiose.
La tragédie de Shakespeare est touffue, complexe, tortueuse. Le film ne l'est pas moins et aurait sans doute gagné d'être élagué ici et là ; sa durée de près de trois heures m'a paru excessive et, au bout du compte un peu lassante.
Mais à aucun moment je n'ai cessé d'admirer la beauté et, si je puis dire, le souffle des images de Kurosawa. De ma longue mémoire de spectateur, je n'ai pas d'autre souvenir de qualité constante que celui de Barry Lyndon, le plus pictural des films du génie Stanley Kubrick. Beauté des couleurs, rythme des mouvements de foule et des combats, splendeur des paysages, grâce hiératique des scènes d'intérieur. C'est d'ailleurs peut-être cette somptuosité qui m'empêche d'apprécier complétement le film. L'œil est si satisfait qu'il trouble la perception de la tragédie. En contre exemples, je donnerai volontiers deux des adaptations shakespeariennes d'Orson Welles : Othello en 1951 et surtout Macbeth en 1948, ce dernier film financé par des bouts de chandelle mais porté, transfiguré, exalté par le génie du réalisateur qui a su faire de pauvreté vertu et du carton-pâte embrumé un magnifique décor d'angoisse.D'angoisse, comme la dernière séquence de Ran, l'aveugle Tsurumaru (Takeshi Nomura), à qui le seigneur Hidetora a jadis crevé les yeux, errant dans les ruines…
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