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Réussi presque malgré tout


De Impétueux, le 5 septembre 2010 à 20:28
Note du film : 5/6

La suite des messages qui s'est accumulée sur ce fil, moins sur le film que sur certains de ses acteurs, m'a incité à le regarder une nouvelle fois ; j'en avais gardé un souvenir très marquant, et la cinquième (sixième ? septième ?) vision m'a conforté dans mon excellente notation de 5, mais j'ai davantage scruté, cette après-midi, ses qualités et ses défauts…

Défauts ? Oh là là ! Considérables, évidents, outranciers, terrifiants…

Le titre, d'abord, d'une rare idiotie, suggéré, indique Zulawski dans une intéressante interview, par un des distributeurs. Niais, connivent, compassionnel, empathique, je ne lui vois pas de rapport avec le film, autre que la fin et les retrouvailles de Romy Schneider et de Fabio Testi, tout autant niaises, compassionnelles, conniventes et empathiques, et, en plus, invraisemblables (du moins dans la durée).

La musique, une des pires compositions de Georges Delerue, pompeuse, claironnante, d'une extrême médiocrité. Zulawski a beau dire, dans l'interview précité, qu'il était très satisfait du thème principal, on ne le voit pas très enthousiaste pour le reste…

Et puis la nullité totale de l'intrigue, cette histoire mélodramatique, tordue, invraisemblable, ennuyeuse entre les protagonistes du trio amoureux, la comédienne médiocre, le raté lunaire, le photographe douteux…

Seulement, évidemment, cette intrigue infantile est la trame du récit et on est obligé de la subir, d'en (pré)voir les développements et circonvolutions, d'en accepter les puérilités. Et c'est dans les coins qu'il faut trouver toutes les qualités du film. Et elles sont nombreuses.

D'abord l'atmosphère, la saleté de l'atmosphère… je connais peu de films aussi écœurants, aussi saisissants dans l'exhibition des pustules du monde, dans son ignominie. La galerie des horreurs exploitées par l'immonde Mazelli (Claude Dauphin), et dont on perçoit bien, dans le propre confort de sa vie, qu'elles existent (qui prend les photos porno ? qui fait du chantage sur les partouzes ?, qui est le paparazzi traqueur d'images obscènes ?), la galerie de ces horreurs nous arrive en pleine figure, sans fioriture, sans préambule, sans dissimulation…

Et la galerie de cinglés, de saligauds, d'horreurs diverses est à faire cauchemarder : on est plongé d'emblée dans un monde à vomir, le nabot sadique à chapeau mou et matraque, l'homo perruqué des photos porno prises avec un noir bodybuildé, la vieille gouine à gode-ceinture, tout un enfer dominé par la figure doucereuse et écœurante de Mazelli (Claude Dauphin).

Claude Dauphin est un acteur étonnant. Physique anodin, bonhomme, passe-partout. Et, en même temps, une capacité de cruauté bluffante : Félix Leca de Casque d'or et ce Mazelli de L'important c'est d'aimer, deux figures de crapules remarquables.

Je n'ai jamais vu meilleur qu'ici Roger Blin, qui joue le père de Servais Mont (Fabio Testi), père lâche, veule, gluant. Michel Robin, total alcoolique enivré de livres, Guy Mairesse, metteur en scène cinglé, Gabrielle Doulcet, la femme de Mazelli, sucrée, abjecte, misérable…

Et naturellement, je n'évoque pas Kinski, dont on peut penser ce qu'on veut, qui a joué davantage de bêtises, quelquefois même infâmes, que de bons films, mais qui, lorsque le rôle correspond à son intrinsèque folie, peut y être éclatant. Et c'est le cas ici. Comme c'est le cas de Jacques Dutronc, léger, désinvolte, creux, pathétique, méprisable, magnifique.

Quant à Romy Schneider, qu'en dire ? Ce n'est pas là, sûrement, et loin de là, son meilleur rôle, affaibli par la bêtise de l'anecdote… Mais sa beauté triste, accablée, profonde, y est magnifique…

Je comprends mal que Vincentp puisse écrire : La comparaison avec les films de Sautet de cette époque est défavorable à ce film de Zulawski ; comment comparer ? Le cinéma de Claude Sautet est un cinéma absolument français et classique : le plus classique et le plus français qui se puisse : mesure, harmonie, rationalité ; c'est Versailles ! Le cinéma de Zulawski est le cinéma d'un Slave, baroque, excessif, plein de mauvais goût et de coups de génie… Comment comparer ?

L'important c'est d'aimer est un film d'un merveilleux mauvais goût, puéril (le parallèle entre les premières et dernières images : les deux amants, Schneider et Testi, l'un, puis l'autre couverts de sang, l'une au début, l'autre à la fin), jouant trop sur le pathétique et le sordide.

Mais qui peut l'oublier ?


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De crego, le 5 septembre 2010 à 19:42

Quoiqu'on en pense, je trouve toujours dommage de mettre un 0/6 à un tel film, autrement dit la note d'un Max Pecas, au lieu d'expliquer pourquoi on n'aime pas. L'antipathie envers un acteur ne suffit pas, je crois. Elevons le débat!


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