Je ne sais pas si d'autres que moi ont vu le documentaire remarquable consacré au tournage -inachevé- de Tigrero par Samuel Fuller. Dans les années cinquante, en Amazonie, Fuller commença en effet un film d'aventures qui ne s'achèvera jamais. Près d'un demi-siècle plus tard, cet immense artiste -je pèse mes mots-, retourne sur les lieux du tournage. Le film raconte ce retour aux sources émouvant.

Emouvant car Fuller, qui vit ses dernières années, retrouve, devant la caméra, les indiens, qui étaient alors les figurants de Tigrero. Choc entre civilisations, choc temporel, choc émotionnel aussi. Fuller apprend par exemple qu'un jeune indien avec qui il avait collaboré a été dévoré par un crocodile. Nous avons nos bus dangereux, et eux ont leurs crocodiles.

Cette rencontre est un grand moment d'humanité, qui vaut toutes les leçons de philosophie, et tous les oscars et les césars (et les mulots) de la planète.