Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Pauvres créatures


De poet75, le 18 janvier à 10:19
Note du film : 1/6

Sorti sur les écrans en 2018, La Favorite, le film précédent de Yórgos Lánthimos, m’avait paru interminable, ennuyeux, creux et son réalisateur manifestement très infatué, très prétentieux. Ces impressions non seulement se confirment aujourd’hui avec la parution de Pauvres Créatures, mais s’aggravent encore, au point qu’il me paraît dorénavant justifié de rajouter ce cinéaste à la (petite) liste de ceux dont je m’efforce d’aller voir tous les films alors qu’invariablement je les trouve détestables. Deux noms se détachaient, pour moi, jusqu’à présent, ceux de Michael Haneke et de Lars Von Trier. Je leur adjoins donc celui de Yórgos Lánthimos. On pourra me rétorquer que je ferais mieux de ne plus aller voir les films de ces réalisateurs puisque je suis sûr de les exécrer. À cela, je peux répondre que, si je m’obstine à m’infliger la vision de films qui me répugnent, c’est parce que d’autres critiques ont des positions contraires au miennes et, invariablement, les encensent. J’essaie donc, à chaque fois, de comprendre ce qui plaît tant à d’autres spectateurs que moi. Mais j’ai beau faire, m’efforçant de me rendre au cinéma dans de bonnes dispositions, non, je ne peux comprendre qu’on puisse apprécier des réalisateurs qui nous manipulent au moyen de films vaniteux, prétendument malins alors qu’ils sont tout le contraire, aussi creux qu’une outre qui ne contient que du vent !

Ainsi donc est le nouveau film de Yórgos Lánthimos, un film qui, d’ailleurs, rappelle à s’y méprendre l’avant-dernière réalisation en deux parties de Lars Von Trier, le répugnant et particulièrement haïssable Nymphomaniac (2013). Dans les deux cas, nous voilà sommés d’applaudir à la prétendue émancipation sexuelle d’une jeune femme qui, pour ce faire, se livre à toutes les dépravations possibles au nom d’un soi-disant féminisme qui n’est, en vérité, que le contraire de ce qu’il prétend, c’est-à-dire un asservissement aux injonctions d’un corps, non, d’une partie d’un corps, en l’occurrence le clitoris, puisqu’il ne s’agit, en vérité, de rien d’autre que de cela. Ma critique n’est évidemment pas dirigée contre la recherche du plaisir féminin en tant que telle, je la trouve au contraire, bien évidemment, tout à fait louable, mais contre un esclavage qui voudrait se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Lors d’une scène du film, d’ailleurs, un homme menace la jeune nymphomane de l’endormir afin de procéder à l’ablation de son clitoris ! Autrement dit, tout le film se concentre, d’une certaine façon, sur cet organe. Que l’on appelle cela du féminisme, c’est totalement fallacieux alors que ce qu’on voit à l’écran, c’est une jeune femme invariablement traitée comme un objet par tous les hommes auxquels elle a affaire (sauf, peut-être, par son concepteur, et encore !) et qui, pourtant, n’est jamais rassasiée d’eux.

Le reste, tout le reste, tous les autres aspects du film ne sont que prétextes à en revenir à ce seul organe qui intéresse le cinéaste, le clitoris ! Mais comme il faut bien raconter une histoire, allons-y, racontons-en une, et peu importe qu’elle soit du niveau de certains films de série z tels qu’en réalisaient des cinéastes comme Ed Wood dans les années 50. Qu’on en juge ! Yórgos Lánthimos n’a rien trouvé de mieux qu’une stupide variation sur le mythe de Frankenstein, un mythe qui, sous la plume de Mary Shelley, ne manquait certes pas d’ambition mais qui, passé à la moulinette du cinéaste grec, devient une histoire absurde et débilitante. Il faut donc se farcir le nouveau Frankenstein, portant désormais le nom de Godwin Baxter (Willem Dafoe), le visage couturé de profondes cicatrices, recueillant une jeune suicidée enceinte qu’il réanime après lui avoir retiré le cerveau pour le remplacer par celui de son bébé ! Ainsi surgit Bella Baxter (pauvre Emma Stone !), la nouvelle créature du nouveau Dr Frankenstein. Nul besoin d’en rajouter : n’importe quel spectateur tant soit peu sensé estimera de lui-même le degré d’idiotie de ce scénario (idiotie décuplée à la fin du film avec une trouvaille, que je ne peux révéler ici, mais qui est si ineptement ridicule qu’on ne sait s’il faut rire ou pleurer) !

Toute cette histoire abracadabrante n’est, en vérité, que prétexte à promener l’héroïne de lieu en lieu, de Londres à Lisbonne, de Lisbonne à Paris, pour revenir à Londres, mais surtout de débauche en débauche pour sursignifier un appétit sexuel insatiable. Les villes-étapes de ce périple sont toutes fantasmées, car le film a d’évidentes prétentions à un esthétisme plus toc que choc. La réalisation abonde d’ailleurs en effets spéciaux tellement répétitifs qu’ils ont vite fait d’agacer au lieu de séduire. Pour tout résumer, nous avons affaire, comme chez Lars Von Trier, à un film présomptueux qui s’efforce, par des moyens de pure forme, de masquer le vide abyssal de son contenu afin de le faire passer pour de la sagacité !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version haut débit

Page générée en 0.0018 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter