Revu sur grand écran, avec une copie numérique restaurée, et admiré à nouveau. Une histoire simple (le drame et les hasards liés à une relation conjugale), traité de façon concise (66 minutes), avec une émotion croissante, grée de main de maître. Nombre d'images inoubliables. Plans magnifiques (nombreuses contre-plongées, par exemple, soulignant une situation de tension). Les personnages effectuent des tours sur eux-mêmes à 90 degrés dévoilant lentement leur visage porteurs d'émotions. L'oeuvre parfaite par excellence.

Eh, m'sieur Roger. Ils sont pas évidents la plupart de tes horaires : par exemple, Enfermé dans des limites, jeudi, à 21h45, alors que le film fait près de deux heures !

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Satyajit Ray a compris comment gérer à la fois acteurs, personnages et spectateurs. Le spectateur est intégré dans le récit par l'écriture cinématographique (le suivi de près ou de loin des acteurs, soutendu par une musique discrète mais impactante). Ray a compris en particulier comment gérer la partie rationnelle et émotionnelle de l'individu -spectateur et acteur-. Dans Le lâche, une dimension politique est impeccablement amenée au bon moment pour donner de la profondeur au récit, de la consistance à l'histoire.

Le personnage masculin (Soumitra Chatterjee) réagit aux propos de classes un peu stupides énoncés par son hôte (Haradhan Bannerjee). Chatterjee développe une conscience de type rationnelle. Sur un plan émotionnel, il ne maîtrise pas son sujet, ce qui le conduit dans le malheur. Satyajit Ray montre in fine comment le salut de l'existence humaine est lié à une gestion optimisée de ces deux aspects. Il est évident que Le lâche est une oeuvre de tout premier plan du cinéma, totalement géniale. Son caractère inconnu en 2016 interpelle fortement !