Ce qui est surtout frappant dans ce film, c'est l'influence permanente – mais discrète, heureusement – du style David Lynch. De la ville sortie de "Twin Peaks", au cabaret de "Blue velvet", en passant par la "fille" trouvée morte et les détails incongrus, "En eaux troubles" paie religieusement sa dette au pape du bizarre, sans pour autant aller aussi loin. Série B mollassone mais bien fichue, le film tient par la présence toujours renouvelée de Thornton, étonnant une fois de plus en shérif ripou et lâche, trouvant un chemin vers la rédemption. Son sourire inquiétant, ses longs temps de réaction, ses silences finissent par créer un vrai personnage de chair et de sang et il porte le film sur les épaules. A ses côtés, Arquette joue les éléments décoratifs et l'excellent Thomas Haden Church apparaît en frère homo sympathique. Abusant un peu d'effets rebâchés (coupes dans l'image, accélérés, ralentis à la Sean Penn) "The badge" parvient à installer une vraie atmosphère et la conclusion dérisoire de son enquête laisse un arrière-goût cynique inattendu. Pas mal pour un "straigt to video" !