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De vincentp, le 30 juin 2009 à 22:38
Note du film : 5/6

"Et voici… l'épreuve de sabre, en direct de Naganoooo…" (Pierre Fulla). (*)

Plus précisément, de l'ile japonaise de Sado, et nous sommes en 1860.

Beau film de sabre, présentant effectivement des ressemblances évidentes avec l'univers de Sergio Corbucci, tel Le grand silence : le petit peuple, victime des méchants, que combattent les gentils, dans des baraquements de fortune, ou au sein d'extérieurs enneigés.

Variété des plans, photographie magnifique, adéquation de tout ceci avec le sujet traité (voir la séquence finale, les personnages principaux déambulant sur un sol enneigé, qui semble s'envoler autour d'eux, comme leurs illusions). Et puis, cette histoire propose aborde un sujet éternel : la fin justifie-t-elle les moyens ?

L'édition dvd de Wild Side est de qualité.

(*) http://www.stars-oubliees.com/les_presentateurs/pierre_fulla/rubrique102.html


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De Arca1943, le 4 août 2008 à 18:14
Note du film : 6/6

« …spectre errant, samouraï emblématique, bientôt englouti par les neiges de l'Histoire. »

Je peine un peu à rationaliser l'état de semi-hypnose dans lequel me plonge ce magnifique film de sabre. Je crois que ça se concentre dans les toutes dernières images : après avoir livré à Kinnosuke Nakamura son interprétation de ce que font les paysans à tapocher tout le jour durant sur leurs tambours, le samouraï Wakisaka Magobei plante son sabre sur la tombe de son sanguinaire beau-frère et s'éloigne sur le plateau enneigé battu par les vents. Or, sans son sabre, cet homme n'est rien : on s'est bien donné la peine de nous le faire savoir au début du film. Alors que d'autres rônins peuvent se recycler en devenant artisans (Harakiri) ou même… barbiers (Les Derniers samouraïs), lui n'avait trouvé d'autre expédient que de faire un numéro de cirque avec son sabre. Que va-t-il devenir ? Ça n'est pas évident. Mais ce beau finale est crépusculaire et auroral à la fois : parce qu'on est en 1831, c'est-à-dire tout de même une bonne trentaine d'années avant l'ère de bouleversements et de guerre(s) civile(s) appelée « Bakumatsu », et 40 ans avant la fin officielle de la classe des samouraïs. On se trouve donc pour ainsi dire au début de la fin. Et si le personnage du rônin devenu sans maître après que son domaine eût été rayé de la carte est un classique (Harakiri, Les Onze guerriers du devoir et plusieurs autres), ici on a affaire à un samouraï qui est devenu sans maître de sa propre initiative, ce qui n'est pas la même chose. « J'en ai assez de la voie du samouraï ! » déclare-t-il à Tetsuro Tamba avant de prendre ses cliques et ses claques et de partir pour Edo. Prendre l'initiative, commencer quelque chose de nouveau, cela porte un nom : la liberté. Au sens littéral le mot samouraï signifie celui qui sert et lui décide de ne plus servir. Dans un monde militaro-féodal humble et soumis, voilà un homme qui prend l'initiative de rompre avec cette vie-là – dans un premier temps. Et dans un deuxième temps, après avoir vaincu (avec un coup de pouce de l'agent du Shogun) les méprisables massacreurs-naufrageurs du domaine de Sabaï, il fait usage de sa liberté pour prendre une initiative plus radicale encore et décide de ne plus porter le sabre. De samouraï il était devenu rônin; et là, de rônin il devient un civil, un homme ordinaire, qui s'en va dignement (suivi à quelque distance par sa fidèle épouse) préfigurant en quelque sorte le Japonais de demain. Si le personnage du rônin errant qui parcourt tant de ces films, et en particulier celui-ci, est si fort, si prenant, c'est qu'il incarne – sans forcément le savoir – une aurore de la liberté sur fond du plus dur despotisme, comme de l'or sur la neige.


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