Thriller de série B (moyens restreints mais inventivité maximale) réalisé en 1946 par Joseph H. Lewis pour la Columbia.

C'est un film noir atypique puisque l'intrigue se déroule dans une France d'opérette avec des acteurs, issus pour la plupart des pays de l'Est, qui prennent un vague accent ou baragouinent quelques mots en Français lorsqu'ils parlent…

Et pourtant, ce cadre exotique voire improbable renforce l'étrangeté et le caractère unique de ce thriller pas comme les autres qui constitue une véritable étude sur la noirceur de la nature humaine.

Car So dark the night est un film à part, une sorte d'OVNI entre romance, policier et fantastique, qu'il m'est impossible de résumer sous peine d'en gâcher l'effet de surprise. Le spectateur est embarqué dans une direction inattendue et une seconde vision n'est pas de trop pour remarquer certains détails étranges.

Avec des moyens limités et une économie de moyens qu'on aimera toujours dans ce type de production (1h10 même pas), Joseph H. Lewis livre une très belle mise en scène, parfois étonnante, comme ce travelling latéral qui traverse les murs de l'auberge où arrive le personnage principal au début du film ou encore la séquence finale.

So dark the night n'est peut-être pas aussi fondamental et facile d'accès que gun crazy ou big combo, les deux monuments de la filmographie de Joseph H. Lewis , mais il prouve l'aptitude qu'avait ce cinéaste à faire des films sortant complètement des sentiers battus et dénués de concessions.