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Sujet : Pour dépenser ses picaillons


De Impétueux, le 4 avril 2015 à 22:49
Note du film : 2/6

Voilà ce que c'est que de succomber, par pur esprit d'une économie mal comprise, aux avances de la caissière du cinéma ! Elle vous propose d'un air doucereux d'acheter un pack de cinq tickets, sous prétexte qu'ainsi, chaque séance vous reviendra moins cher. Ébloui, vous cédez à la perspective de la bonne affaire. Au moment où vous faites l’emplette, la durée de péremption de vos tickets vous paraît très suffisante. Les semaines passent et vous vous apercevez que vous n'avez plus que quelques jours pour utiliser votre virtuel magot.

Vous vous précipitez sur votre AlloCiné préféré, cherchez ce que vous pourriez bien aller voir dans le déluge de sottises qui sont sur les écrans. Par instinct de survie, vous vous refusez nerveusement à l'idée que vous pourriez aller découvrir Fast & Furious 7. Le Cendrillon de Kenneth Branagh vous plairait sûrement si vous aviez encore entre 6 et 12 ans. Vous n'avez pas forcément envie d'aller voir comment les Anglo-Belges ont adapté Suite française d'Irène Némirovsky.

Qu'est-ce qui vous reste ? Comme vous n'avez rien contre la fraîche notoriété de Pierre Niney et que vous avez vaguement lu ici et là qu'Un homme idéal partait sur une histoire d'usurpation de manuscrit, vous vous décidez à gagner la salle obscure correspondante. Et, pendant la première demi-heure, vous êtes assez heureusement surpris.

Mathieu Vasseur (Niney), qui ne parvient pas à être édité – tout simplement parce qu'il n'a aucun talent – et qui est petitement employé d'une entreprise de déménagement, découvre fortuitement le journal de guerre d'un appelé en Algérie, l'envoie sous le titre de Sable noir à un éditeur. Enthousiasme, succès critique et public considérable. Prix Renaudot. Premier verrouillage dans l'imposture

Ellipse. Deux ans, trois ans ont passé ; tout paraît aller bien. Mathieu, grâce à l'aura acquise par son succès, vit désormais avec une très jolie jeune femme, Alice (Ana Girardot), éprise de littérature et, ce qui ne gâte rien, fille d'un couple richissime, Alain (André Marcon) et Hélène Fursac (Valeria Cavalli) qui possèdent une propriété de rêve (vraiment !) sur la Côte d'Azur. Mais Mathieu n'a plus rien écrit, – et pour cause ! – depuis la sortie de Sable noir, vivant des acomptes de son éditeur qui commence à trouver le temps long. Il a claqué beaucoup d'argent et sa banque ne veut plus suivre.

Tout ça est bien intéressant. Si je rêvais de gloire littéraire et me rendais compte que je n'ai pas le talent pour y parvenir, qu'est-ce que je ferais si je découvrais au fond du tiroir délaissé d'un mort un grand livre déjà tout écrit ? Tiens, par exemple Du côté de chez Swann si Marcel Proust, découragé de tous les refus rencontrés ne l'avait pas fait publier à compte d'auteur ? Est-ce que je ne serais pas tenté par cette usurpation ? Et avec elle la vie facile, la jolie fille en paquet-cadeau et surtout, surtout la notoriété, le doux frémissement de la renommée…

On se dit, à ce moment là du film qu'il va y avoir un discours intelligent sur la notion d'imposture et la schizophrénie qu'elle entraîne consécutivement. Patatras ! Ça part brusquement dans un entrelacs mortifère où les invraisemblances – peu graves en soi – se conjuguent aux ramifications tragiques, si ridicules qu'à chaque catastrophe survenue, on se demande si on doit éclater de rire ou s'indigner de ce que le réalisateur, un certain Yann Gozlan a le culot de présenter au spectateur.

Et la fin finale de Un homme idéal est tout de même une des pires nouilleries que j'aie vues au cinéma en soixante ans de consommation…


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