Dario Argento artiste visionnaire ou réaliste surestimé de séries Z idiotes ? La vérité se situe sans doute entre les deux. Reconnaissons en outre que la médiocrité de la plupart de ses derniers films n'a pas facilité la tâche de ses laudateurs.
Quatre mouches de velours gris, longtemps invisible, est tantôt sublime, tantôt ridicule. En ceci c'est sans doute son film le plus représentatif.Le film peut se voir sous trois aspects:
1) Le giallo attendu, aux scènes de meurtre brillamment réalisées.
2) Une comédie légère si ce n'est idiote qui met en scène Bud Spencer en clochard, un facteur et un professeur pas piqués des hannetons et, cerise sur le gâteau, notre Marielle national en détective gay inefficace.
3) Un drame sur le délitement d'un couple aux résonances autobiographiques, accentuées par la ressemblance entre l'acteur principal Michael Brandon et le réalisateur à l'époque du tournage.
Dès le générique, Argento ne cesse d'expérimenter, de partir vers de multiples directions : répétitions d'un groupe du style Deep Purple filmée sous des angles étranges, gros plans d'un cœur qui bat, début d''une filature impliquant le héros.
Drôle de film où ne cesseront de cohabiter des idées magnifiques comme le rêve récurrent du héros (une exécution capitale en Arabie Saoudite) ou le magnifique ralenti final sublimé par la musique de Morricone et les scènes explicatives foireuses. On retiendra une façon assez atypique d'utiliser les décors et le temps. Le maestro Leone a certainement influencé le cinéaste
Au final, malgré des défauts qui en indisposeront certains, Quatre mouches de velours gris est un film attachant et inventif qui reste durablement en mémoire.
J'irais bien refaire un tour dans quelque temps, du côté de Dario Argento, que j'ai négligé depuis trop longtemps alors que Suspiria et Inferno m'avaient plutôt ravi. Je vois que Quatre mouches de velours gris est un peu antérieur, sans doute moins maîtrisé, à vous lire, Verdun, mais tout à fait recommandable, puisque vous donnez la note de 5.
De toute façon, rien que pour le titre, mystérieux et séduisant, ça vaut le coup de se laisser tenter…
Attention le 5 est purement sentimental. C'est quand même un film sacrément foutraque qui peut indisposer le cinéphile exigeant. Mais vous y trouverez forcément quelque chose à grapiller..
Ne pas s'attendre à un film aussi fascinant que Suspiria, aussi impressionnant et aussi somptueusement filmé. Mais ce n'est pas un film négligeable, d'autant qu'il rend, d'une certaine façon, hommage au grand écrivain Auguste Villiers de l'Isle Adam dont il reprend la fascinante légende d'un des Contes cruels intitulé Claire Lenoir selon quoi la dernière image vue par quelqu'un mort de mort violente s'est enregistrée sur la rétine. Et ce sont bien Quatre mouches de velours gris qui apparaissent aux yeux étonnés des légistes lorsqu'ils autopsient la belle Dalia (Francine Racette), une des victimes du psychopathe. Mais qu'on ne compte pas sur moi pour livrer vraiment la clef, évidente pourtant, de l'énigme.
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