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Forum : Quatre mouches de velours gris

Sujet : Insaisissable Argento


De verdun, le 14 janvier 2015 à 22:30
Note du film : 5/6

Dario Argento artiste visionnaire ou réaliste surestimé de séries Z idiotes ? La vérité se situe sans doute entre les deux. Reconnaissons en outre que la médiocrité de la plupart de ses derniers films n'a pas facilité la tâche de ses laudateurs.

Quatre mouches de velours gris, longtemps invisible, est tantôt sublime, tantôt ridicule. En ceci c'est sans doute son film le plus représentatif.

Le film peut se voir sous trois aspects:

1) Le giallo attendu, aux scènes de meurtre brillamment réalisées.

2) Une comédie légère si ce n'est idiote qui met en scène Bud Spencer en clochard, un facteur et un professeur pas piqués des hannetons et, cerise sur le gâteau, notre Marielle national en détective gay inefficace.

3) Un drame sur le délitement d'un couple aux résonances autobiographiques, accentuées par la ressemblance entre l'acteur principal Michael Brandon et le réalisateur à l'époque du tournage.

Dès le générique, Argento ne cesse d'expérimenter, de partir vers de multiples directions : répétitions d'un groupe du style Deep Purple filmée sous des angles étranges, gros plans d'un cœur qui bat, début d''une filature impliquant le héros.

Drôle de film où ne cesseront de cohabiter des idées magnifiques comme le rêve récurrent du héros (une exécution capitale en Arabie Saoudite) ou le magnifique ralenti final sublimé par la musique de Morricone et les scènes explicatives foireuses. On retiendra une façon assez atypique d'utiliser les décors et le temps. Le maestro Leone a certainement influencé le cinéaste

Au final, malgré des défauts qui en indisposeront certains, Quatre mouches de velours gris est un film attachant et inventif qui reste durablement en mémoire.


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De Impétueux, le 15 janvier 2015 à 16:26
Note du film : 3/6

J'irais bien refaire un tour dans quelque temps, du côté de Dario Argento, que j'ai négligé depuis trop longtemps alors que Suspiria et Inferno m'avaient plutôt ravi. Je vois que Quatre mouches de velours gris est un peu antérieur, sans doute moins maîtrisé, à vous lire, Verdun, mais tout à fait recommandable, puisque vous donnez la note de 5.

De toute façon, rien que pour le titre, mystérieux et séduisant, ça vaut le coup de se laisser tenter…


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De verdun, le 16 janvier 2015 à 00:47
Note du film : 5/6

Attention le 5 est purement sentimental. C'est quand même un film sacrément foutraque qui peut indisposer le cinéphile exigeant. Mais vous y trouverez forcément quelque chose à grapiller..


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De Impétueux, le 23 décembre 2018 à 22:02
Note du film : 3/6

Un titre superbe, encore plus chatoyant que celui de L'oiseau au plumage de cristal au service d'un scénario finalement très banal, qui s'abrite derrière des traumatismes enfantins jamais vraiment assumés et les zigouillages consécutifs, qu'il ne faut donc pas regarder pour la surprise de découvrir qui est l'affreux assassin, mais pour le plaisir de se laisser conduire à la révélation finale. Révélation trop évidente pour être honnête, d'autant que le cercle des coupables potentiels est, dans 4 mouches de velours gris fort restreint, le film ne comportant que peu de personnages essentiels (je veux dire par là que si l'on apprenait que le cinglé psychopathe était un des vagues protagonistes qui ne sont jamais au devant de la scène, on serait bien frustré et déçu).

Troisième film de Dario Argento, ces mouches-là sentent très fort leur époque, le début des années 70, avec les crinières efflorescentes des hommes, leurs chemises cintrées et leurs pantalons à pattes d'éléphant. Et on y reconnaît aussi d'emblée le goût de Dario Argento pour les architectures insolites, les longues avenues vides, les feuillages nocturnes agités par le vent. Et malheureusement aussi les coups de zoom violents, les panoramiques interminables, les gros plans incongrus. Et de la même façon, fort heureusement cette fois, la capacité du cinéaste à capter des atmosphères. Par exemple celle du grand théâtre désaffecté, où ici et là s'accumulent tous les détritus apportés par les éléments. Ou le jardin public maléfique, aux frondaisons labyrinthiques et aux passages étroits où Amélia (Marisa Fabbri), la servante vénale veut faire chanter l'assassin est égorgée ; il y a là une scène fort intéressante : bloquée dans un cul-de-sac par une haute muraille, Amélia appelle à l'aide ; elle est entendue par un jeune couple amoureux qui se trouve de l'autre côté du mur, mais qui ne peut rien faire sinon entendre l'assassinat qu'il ne peut voir. Vieux procédé des œuvres terrifiantes, souvent mis en valeur dans les pièces du merveilleux Grand guignol, toujours d'une grande efficacité émotionnelle.

Tout cela se passe à Milan où Roberto Tobbias (Michael Brandon), glandeur majuscule à la tête d'un groupe de rock insignifiant, mais époux de la riche Nina (Mimsy Farmer), qui se voit poursuivi, observé, surveillé par un drôle de type le tue accidentellement lors d'une bagarre, mais s'aperçoit que ce meurtre a été longuement photographié par un curieux personnage masqué juché sur un des balcons du théâtre désaffecté où le crime a eu lieu. Et ce personnage mystérieux, qui semble pouvoir s'introduire chez lui avec une grande facilité, entreprend de le terroriser, sans pour autant lui demander de l'argent, sans lui dire jamais ce qu'il veut.

C'est ce mystère qui fait la structure du film, même si l'amateur éclairé comprend vite qui est derrière cette persécution. Dario Argento tente de lancer le spectateur sur des pistes adventices, ou à faire intervenir des protagonistes bizarres, l'ami Dieudonné, dit Dieu (Bud Spencer) ou le détective agressivement et ostentatoirement homosexuel Gianni Arosio (Jean-Pierre Marielle), dont on ne voit pas trop l'intérêt, sinon celui de tirer à la ligne et d'introduire quelques épisodes presque rigolards. Parce que – ne nous leurrons pas ! – le film est assez mal fichu : il lambine beaucoup dans sa première demi-heure, perd beaucoup de temps dans son mitan et ne devient haletant que dans sa conclusion. Et encore ! Quand j'écris cela, je dois bien faire l'impasse sur l'explication finale, vraiment sortie de n'importe où.

Ne pas s'attendre à un film aussi fascinant que Suspiria, aussi impressionnant et aussi somptueusement filmé. Mais ce n'est pas un film négligeable, d'autant qu'il rend, d'une certaine façon, hommage au grand écrivain Auguste Villiers de l'Isle Adam dont il reprend la fascinante légende d'un des Contes cruels intitulé Claire Lenoir selon quoi la dernière image vue par quelqu'un mort de mort violente s'est enregistrée sur la rétine. Et ce sont bien Quatre mouches de velours gris qui apparaissent aux yeux étonnés des légistes lorsqu'ils autopsient la belle Dalia (Francine Racette), une des victimes du psychopathe. Mais qu'on ne compte pas sur moi pour livrer vraiment la clef, évidente pourtant, de l'énigme.


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