J'ai un excellent souvenir de "La Vie En Rose", (dont je n'ai plus la date de tournage en tête) et qui, sauf erreur, doit être la première, ou l'une des premières apparitions de François Périer au cinéma. L'aventure se déroule dans un collège de province, tourné pour l'essentiel en région parisienne. Le proviseur, un peu naïf (Louis Salou) entretient une correspondance amoureuse avec la fille du directeur. Ce qu'il ignore, c'est les réponses qu'il reçoit et va chercher dans le tronc d'une arbre creux, proviennent des élèves eux-mêmes, avec cette cruauté qui s'accommode volontiers d'un candide, et qu'il devient ainsi le bouc émissaire que quelques uns.

A la faveur d'une circonstance fortuite, le pot-aux-roses est découvert et les élèves confondus. Je n'irai pas plus loin, pour ne rien déflorer de ce film excellent. L'ensemble de l’œuvre est construit en deux volets. Les récits imaginaires du proviseur qui comblent évidemment les vides apparents de son existence sentimentale, et une réalité sensiblement plus réaliste que construisent les élèves. Les deux récits restent proches sur le fond, mais s'opposent sur ce qui est ressenti par les deux éléments en présence. Les rêveries d'un proviseur au travers d'une fausse réalité organisée par les étudiants et la version réaliste plus terre-à-terre. Le proviseur en sortira écorché dans sa sensibilité par le choc du réel. Je n'ai pas un souvenir très net de ce film qui dégage une atmosphère poétique et sans doute la nostalgie que la mémoire préserve chez chacun de nous. Ce n'est si éloigné de "L'assassinat du Père Noël" (peut-être de Christan-Jacque, mais je n'ai pas de certitude) d'après Pierre Véry.

Henri Jeanson était aux dialogues, et s'en tirait comme à l'habitude, avec un talent indiscutable : " Ah ! Colette, vous avez des yeux magnifiques, et d'un bleu… Plus tard, on dira le "bleu Colette". Je ne pourrai pas vous enseigner les mathématiques, mais je donnerai toujours vingt à vos dix huit ans !!". Ou encore, entre Louis Salou et François Périer : "Vous avez dû en recevoir beaucoup des cartes ou des lettres comme celles-ci ? " " Bien sûr, mais devant tous ces noms, comment s'y reconnaître ? Je n'ai jamais eu la mémoire des "oui" !!". Outre les deux comédiens ci-dessus, on y pouvait voir la toute jeune Simone Valère. Les autres comédiens, en revanche, m'échappent. Malgré tous mes souhaits de revoir ce film attendrissant, il ne m'est pas possible d'y pourvoir. Outre le fait que je n'avais d'une versions VHS, la cassette elle-même s'est cachée à un endroit que je n'ai pu découvrir ! C'est pourquoi l'arrivée d'un DVD sur le marché – avec unes restauration correcte autant que possible – me comblerait. Comme le fil consacré à ce film de Jean Faurez, est instauré depuis plusieurs années, peut-être le précieux DVD est-il déjà en vente… Mais je ne l'ai pas trouvé !

Le film est sorti en DVD chez René Chateau le mois dernier (restauration ancienne des Archives du film du CNC, mais master plus ou moins bruité).

Je ne saurais trop conseiller aux lecteurs de DVDtoile d'éviter de lire l'avis qui précède, car il dévoile des choses très importantes (de quoi foutre en l'air la découverte du film).

… Je n'irai pas plus loin, pour ne rien déflorer de ce film excellent…

Il faut le lire pour le croire ! Nous n'avons vraiment pas la même notion du verbe "déflorer".

Incidemment : Louis Salou interprète un simple rôle de pion, il n'est pas proviseur.